Trois jours après l'attaque mortelle au couteau à Paris près de la tour Eiffel, la garde à vue de Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien, se poursuit ce mardi. Cet homme de 26 ans était fiché S, connu des services de police pour son islamisme radical et ses troubles psychiatriques. Il dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde" et a déclaré "assumer et revendiquer totalement son geste".
"À chaque fois qu'il y a un drame, c'est un échec. Un échec collectif", a déclaré Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, invité de La Grande interview Europe 1-CNews mardi.
"Un ratage" dans le suivi psychiatrique du terroriste
Y aurait-il un "ratage psychiatrique", comme l'affirme Gérald Darmanin, ou une faille politique comme le dénonce l'opposition ? "On a un État de droit, il a été condamné, il a purgé sa peine. On voit bien ceux qui ont la baguette magique et qui disent 'il suffisait de le garder (en prison ndlr) pour toujours'", a lancé le ministre, détaillant le traitement médical psychiatrique suivi tout au long de sa détention et après sa sortie.
"Il y a eu une injonction pour un suivi, y compris psychiatrique, pendant quatre ans. À l'issue de ce suivi, il y a eu un diagnostic médical qui a constaté que sur le plan psychiatrique, il n'y avait plus la nécessité d'un suivi contraignant. Faut-il renforcer ces mesures ou faut-il, comme l'a évoqué le gouvernement dimanche soir, des injonctions complémentaires ?" a interrogé Clément Beaune.
Des projets d'attentats déjoués tous les mois
D'après le ministre délégué chargé des Transports, trouver des mesures d'exception pour ces profils très dangereux serait porter atteinte à l'État de droit. "C'est le débat qu'il y a par exemple sur les fichés S. Est-ce que le fait d'être fiché S, qui est un outil de nos services de renseignement, un outil administratif, doit donner lieu en soi, par exemple, certains le disent, à une forme de condamnation ou même d'enfermement éternel ? Des projets d'attentats sont déjoués tous les mois. Un drame ne doit pas non plus remettre en cause tous les efforts qui sont déjà faits. Est-ce qu'on doit aller plus loin sur certaines mesures ? Certainement. Mais faire croire qu'un fichier administratif peut être une décision de justice, ce serait grave", a-t-il tranché au micro d'Europe 1-CNews.
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Condamné en 2016 pour un projet d'attaque à La Défense
Né en France de parents réfugiés iraniens, résidant en Essonne, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé par le renseignement intérieur (DGSI) en 2016 pour un projet d'attaque à La Défense, un quartier d'affaires à l'ouest de Paris. Dans ce dossier, Armand Rajabpour-Miyandoab a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis, et en était sorti en 2020 après quatre ans de détention, ont précisé des sources proches du dossier.
Sa mère avait indiqué aux services de police fin octobre qu'elle s'inquiétait pour son fils qui "se repliait sur lui-même". Ce Franco-Iranien a été interpellé après l'attaque qui a causé la mort d'un touriste germano-philippin de 23 ans et blessé deux autres personnes, samedi soir à proximité du pont de Bir-Hakeim.