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Au Rwanda, Macron doit prononcer "un discours qui va le grandir et grandir le pays"

Rémi Duchemin . 2 min

François Graner est l’un des premiers à avoir eu accès aux archives de l’Elysée sur la politique de la France pendant génocide au Rwanda. Ce chercheur sera très attentif au discours que doit prononcer Emmanuel Macron, jeudi à Kigali, espérant sur Europe 1 qu’il ne consiste pas en un simple "raccommodage entre Etats".

Emmanuel Macron est en visite jeudi à Kigali, la capitale du Rwanda, avec la volonté de normaliser les relations entre les deux pays, distendues depuis le terrible génocide de 1994. Le président de la République, qui ne devrait pas demander officiellement pardon au nom de la France, devrait tout de même s’attacher à trouver les mots justes pour sceller une réconciliation très attendue sur place. "De toute façon, son discours sera émouvant et important, ça va le grandir et grandir le pays", estime jeudi sur Europe 1 François Graner, membre de l'association Survie, qui est l’un des premiers à avoir eu accès aux archives de l’Elysée concernant la politique de la France au Rwanda avant, pendant et après le génocide. Mais il prévient qu'il jugera aussi de la portée politique de ce discours. 

"Ce que je regarderai attentivement, c'est le contenu politique de ce qu'il dit"

"C'est important pour les rescapés, pour les victimes. De toute façon, quoi qu'il dise, je pense, ça sera important" insiste celui qui a écrit deux ouvrages sur le sujet. "Et moi, j'ai une pensée pour pour tout le monde et en particulier pour les enfants qui ont été tués pour le simple fait d'être tutsi, puisque c'est ça que ça veut dire le génocide des Tutsis."

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L'un des inconnues, c'est de savoir si Emmanuel Macron va faire acte de reconnaissance ou s'il va aller jusqu'à présenter les excuses de la France au Rwanda. "Il y a un débat actuellement sur les mots qu'il va utiliser, mais ça, ça lui appartient. On verra bien. Moi, ce que je regarderai attentivement, c'est le contenu politique de ce qu'il dit. C'est à dire que ce n'est pas la surface qui m'intéresse", précise François Graner. "Est-ce qu'effectivement, il va reconnaître les choses suffisamment pour qu'on puisse vraiment dire 'plus jamais ça' et en tirer les leçons ? Ce qui serait ennuyeux, c'est s'il était juste un raccommodage entre Etats sur le dos de la justice et de la réalité."

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"Il a suffi de quelques personnes pour entraîner la France dans une politique de soutien actif aux extrémistes hutus"

Et la réalité, justement, fait débat. Le rapport Duclert, remis le 26 mars, conclut clairement à une responsabilité de l'Etat français , alors dirigé par François Mitterrand. "Les faits sont relativement simples du côté de l'action de la France. La France cherche à avoir une zone d'influence en Afrique et ça amène tous les présidents successifs, y compris le président Macron, à soutenir des dictateurs. Et le Rwanda, c'est le cas extrême de cette politique", résume François Graner. "Alors ça ne veut pas dire qu'il y a une intention génocidaire chez François Mitterrand, Hubert Védrine (secrétaire général de l'Elysée) ou Alain Juppé (ministre des affaires étrangères). Chez ces gens-là, il n'y a pas d'intention de commettre le génocide."

Mais pour le chercheur, la complicité est, elle, établie. "Il a suffi de quelques personnes pour entraîner la France dans une politique de soutien actif et bien informée aux extrémistes hutus. Et ce soutien a permis aux extrémistes de prendre et de garder le pouvoir et donc de commettre le génocide", estime François Graner. "Les trois points pour établir une complicité sont le soutien actif, en connaissance de cause et avec un effet sur la commission du crime. Il peut y avoir complicité, même sans intention génocidaire."

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