En déplacement à Montreuil, lundi, Emmanuel Macron a été la cible d'insultes et de jets d’œufs. "La violence, ce n’est jamais bien. Mais en même temps, l’exaspération du pays, elle est réelle et elle est très palpable. J’en suis frappée tous les jours", a réagi Aurélie Filippetti sur Europe 1.
"Ses paroles ont choqué". "Il y a un respect à avoir vis-à-vis des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Et je crois que les paroles qu’il a prononcées à plusieurs reprises, notamment récemment cette histoire du costard, ça a choqué et ça a été aussi une sorte de violence symbolique très forte, sur toute une partie de la population qui travaille dur, qui veut travailler et qui en même temps, n’y arrive pas. Je ne dis pas qu’il l’a cherché, je dis juste que la politique, c’est très violent pour tout le monde, mais en même temps il faut aussi évaluer et peser la violence que peuvent représenter certaines paroles", a assuré la députée PS de Moselle et ancienne ministre de la Culture.
"Il devrait avoir d'autres priorités". Le ministre de l’Economie, qui bat des records de popularité à gauche dans les sondages, cherche à transcender le clivage traditionnel droite-gauche avec son mouvement "En marche". "Dans ses prises de position, je trouve qu’il défend une vision de la société extrêmement libérale, qui consiste à dire en gros : ‘si vous avez des problèmes, c’est que vous l’avez bien cherché, et tout le monde peut réussir’. Pour moi, être de gauche, c’est s’interroger sur les raisons pour lesquelles certains ont beaucoup moins de chances que d’autres d’y arriver. Lui, il naturalise les inégalités". "Il devrait avoir d’autres priorités", continue Aurélie Filippetti. "C’est au Premier ministre et au président de la République de prendre leurs responsabilités. Je constate qu’aujourd’hui, il y a un problème en France, c’est l’économie. Il devrait faire en sorte que ce soit la France qui marche, pas lui."
"Les primaires sont la seule solution". Sur Europe 1, Aurélie Filippetti a par ailleurs appelé à une primaire à gauche, alors que le tribunal de grande instance de Paris étudie la plainte de trois adhérents du Parti socialiste, qui jugent que les statuts du parti l’obligent à organiser une primaire pour 2017. "Si on veut éviter que la gauche soit éliminée au premier tour, les primaires sont la seule solution. Même pour François Hollande, c’est le seul moyen de pouvoir clarifier ce désamour ou cette colère souvent, qui s’exprime chez nos électeurs", a-t-elle conclu.