Edouard Philippe est sur tous les fronts. Après avoir répondu à un feu nourri de questions des députés mercredi, le Premier ministre s’est livré à un long exercice de pédagogie sur TF1, jeudi soir, sur la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement. Il a notamment annoncé qu’il privilégiait la piste du contrôle continu pour le baccalauréat, estimant que les épreuves ne pourront pas se dérouler "dans des conditions normales" à la fin de l'année scolaire.
Edouard Philippe est également revenu sur les critiques formulées contre le gouvernement ces derniers jours, que ce soit sur le manque de moyens pour les hôpitaux ou sur la pénurie de masques. Europe 1 vous résume ce qu’il fallait retenir de l’interview du Premier ministre.
L’hypothèse du contrôle continu pour le bac est désormais privilégiée
Principale annonce du Premier ministre : le gouvernement penche désormais clairement pour le contrôle continu pour le baccalauréat. "Le bac ne pourra pas se produire dans des conditions normales. Les épreuves du bac ne pourront pas se dérouler au mois de juin comme d'habitude, ni au mois de juillet. C'est sur la piste du contrôle continu le plus complet qu'il va falloir se reposer", a déclaré le chef du gouvernement, même si aucune décision n’est pour le moment arrêtée.
"Si les cours peuvent reprendre dans de bonnes conditions au cours du mois de mai ou du mois de juin, ça pourrait être un contrôle continu complet", a esquissé le locataire de Matignon. Deuxième option : "conjuguer à ce contrôle continu une épreuve organisée à la fin du mois de juin. C'est ce que j'ai demandé au ministre de l'Education nationale d'instruire. Je crois pour ma part à la piste du contrôle continu."
Un déconfinement progressif "est à peu près acquis"
Edouard Philippe a répété, comme mercredi devant les députés, que le déconfinement devrait se faire de manière graduée. "Ce qui est à peu près acquis, c’est ce que ce déconfinement ne pourra se faire que de façon progressive. Il faudra procéder pour éviter que trois semaines, un mois après nous soyons frappés par une nouvelle vague."
"La logique du confinement doit prévaloir jusqu'au 15 avril, et probablement pour plus longtemps", a également répété le Premier ministre, qui a lancé un appel aux Français à "respecter strictement" les mesures de confinement, à quelques jours des vacances scolaires de printemps.
"Le virus n’est pas en vacances, le confinement ce n’est pas aller ailleurs en France. Si nos concitoyens font ça, ils propageront le virus et nous nous trouverons dans une situation encore plus difficile", a-t-il insisté.
"Notre système hospitalier tient", bientôt 86 lits supplémentaires à Créteil
Le gouvernement doit affronter ces derniers jours de vives critiques sur le manque de moyens dans les hôpitaux. "Je ne cache pas les difficultés. J’ai beaucoup de lucidité sur ce que vivent les soignants, qui est terrible. Mais j’ai aussi au fond de moi-même beaucoup d’espoir. Notre système hospitalier tient et il va continuer à tenir", a assuré Edouard Philippe.
Le Premier ministre a également annoncé la mise à disposition à la mi-avril de 86 lits supplémentaires à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, en banlieue parisienne, afin de soulager les hôpitaux d’Ile-de-France, confrontés à un afflux de patients.
Il a également reconnu qu’il serait nécessaire de "tirer les conséquences de cette épidémie" pour "donner les moyens à l’hôpital de se reconstruire".
Sur la défensive sur les masques
Autre polémique du moment : la pénurie de masques, notamment pour les personnels soignants. "On nous a beaucoup reproché d'avoir dit que le port des masques dans la population n'était pas nécessaire et j'ai parfaitement conscience de l'ensemble des polémiques qui ont été évoquées", a admis le Premier ministre.
"Je voudrais dire je ne suis pas médecin et je suis attentif à ce que disent les médecins lorsqu'ils disent tous la même chose. Le directeur exécutif des programmes d'urgence de l'OMS, qui est un médecin, continue à dire que le port du masque en population générale n'est pas forcément une bonne idée.", a-t-il mis en avant pour défendre la politique du gouvernement.
Des "tensions très fortes" sur certains médicaments
Edouard Philippe a également reconnu des "tensions très fortes" sur certains médicaments nécessaires aux services de réanimation et de soins intensifs, dues à une demande "inouïe" dans le monde.
"Partout dans le monde et au même moment, la consommation des produits nécessaires à la réanimation, que ce soit les médicaments ou les consommables liés à la réanimation, (comme) les embouts des respirateurs, explose dans des proportions jamais imaginées", a déclaré le Premier ministre, chiffrant la hausse de cette demande mondiale à près de 2.000%.
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La piste d’un décalage des élections à l’automne
L'exécutif envisage désormais clairement un report du second tour des élections municipales à l'automne, "en octobre" voire "après". "La décision d'organiser ou non le deuxième tour le 21 juin sera prise le 23 mai, à l'issue d'un rapport qui permettra de dire à ce moment-là s'il est possible de [l']organiser" à cette date, a détaillé le Premier ministre.
"Ce n'est pas le Premier ministre qui prendra la décision, c'est le Parlement puisqu'il faudra une loi pour organiser les choses". Une telle décision nécessitera de refaire aussi le premier tour là où les candidats n'ont pas été élus directement. Ce qui pourrait impliquer de reporter également les élections sénatoriales, prévues en septembre.
"La crise sanitaire va devenir économique", pas de hausse d’impôts
Edouard Philippe a fini par évoquer la situation économique, prévoyant que "la crise sanitaire va devenir économique". Le Premier ministre a écarté une hausse des impôts, estimant que cela serait "la pire des choses".
"Il va falloir aider le pays à franchir la crise puis à redémarrer. Nous devons nous organiser pour que le pays tienne, les entreprises subsistent, puis qu’après la crise un plan de relance national, européen voire mondial puisse permettre le redémarrage de l’économie mondiale", a-t-il expliqué.
"L’argent n’est pas plus magique aujourd’hui qu’il ne l’était il y a deux ans. Nous allons nous appuyer collectivement sur l’État pour emprunter et passer la crise. En ce moment, on se bat pour conserver les entreprises en vie, pour faire en sorte que le redémarrage soit possible."