Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a demandé mercredi à l'Italie de "jouer son rôle" et de "respecter ses engagements européens", en accueillant le navire Ocean Viking sur lequel plus de 200 migrants sont bloqués. "Le bateau est actuellement dans les eaux territoriales italiennes, il y a des règles européennes extrêmement claires et qui ont été d'ailleurs acceptées par les Italiens qui sont, de fait, le premier bénéficiaire d'un mécanisme de solidarité financier européen", a rappelé Olivier Véran, estimant "inacceptables" les "déclarations" du gouvernement italien et son "refus de laisser accoster ce bateau".
"Encore quelques heures de discussions", dit Véran
Mardi la Première ministre italienne d'extrême-droite Giorgia Meloni avait remercié la France d'accepter d'accueillir l'Ocean Viking de l'ONG européenne SOS Méditerranée et ses 234 passagers migrants. "Les mécanismes diplomatiques sont encore en action à l'heure à laquelle je vous parle donc je ne peux pas aller au-delà de cela", a balayé Olivier Véran.
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"Il nous reste encore quelques heures de discussions et, en tout état de cause, nous en sommes encore à cette étape-là", a-t-il ajouté, promettant néanmoins que "personne ne laissera ce bateau courir le moindre risque, à l'évidence pour les personnes qui sont à bord". "Face au silence assourdissant de l'Italie", SOS Méditerranée a indiqué avoir demandé mardi à la France d'assigner un port sûr à l'Ocean Viking qui "devrait arriver dans les eaux internationales près de la Corse le 10 novembre". Le nouveau gouvernement italien, le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, s'est engagé à observer une ligne dure vis-à-vis des migrants.
La droite et l'extrême droite opposés à un accueil du bateau
En France, gauche et droite sont divisées sur un éventuel accueil du bateau : une "urgence humanitaire" pour certains, une "erreur" pour d'autres. "C'est la mise devant le fait accompli", a déclaré le président du Rassemblement national Jordan Bardella, à propos de ce bateau de l'ONG SOS Méditerranée qui se dirige vers la Corse avec 234 migrants à bord, après le refus de l'Italie de les accueillir. "Avec nous l'Ocean Viking, comme l'Aquarius en 2018, ne pourrait pas accoster sur les côtes françaises", a-t-il ajouté devant la presse.
Pour lui, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a eu raison de refuser d'accueillir l'Ocean Viking et de renvoyer le navire vers la France car "M. Macron veut accueillir tout le monde".
"Ce serait une faute, une erreur" d'accueillir ce bateau dans un port français, a estimé de son côté Éric Ciotti (LR) sur Radio J. "Ce serait donner un signe pour les passeurs qui exploitent la détresse humaine", a-t-il ajouté, soucieux de "sauver" les personnes à bord, mais qui devront selon lui ensuite être reconduites à leur point de départ.
"Il y a urgence à venir en aide aux personnes rescapées", dit Bilongo
"Il y a urgence à venir en aide aux personnes rescapées qui sont en mer et qui ont déjà subi différents traumatismes", a à l'inverse déclaré le député de La France insoumise Carlos Martens Bilongo, lors d'une conférence de presse de la Nupes pour lancer un "appel solennel au président de la République" à accueillir les 234 migrants sur le sol français. Selon lui, une épidémie de grippe a atteint "toutes les personnes à bord".
"Nous souhaitons que cessent les enfantillages dramatiques et criminels entre gouvernements européens qui semblent se renvoyer une balle, là où on parle de vies humaines", a de son côté commenté le député PS Benjamin Lucas. Le président du groupe Modem à l'Assemblée, Jean-Paul Mattei, qui appartient à la majorité présidentielle, s'est dit prêt à "regarder avec une certaine ouverture d'esprit" la proposition du président de l'exécutif corse Gilles Simeoni d'accueillir l'Ocean Viking sur l'île de Beauté. "A cas exceptionnel, condition exceptionnelle", a-t-il ajouté devant la presse parlementaire.