L'opération déminage du budget de l’Etat version 2016 continue. Le gouvernement a renoncé mardi soir à modifier le mode de calcul de l'allocation "adulte handicapé". Dernier renoncement en date d’une liste de mesures où les traits de crayon se multiplient depuis la présentation du projet de loi de Finances fin septembre.
L’allocation handicapés de bougera pas. Le gouvernement, accusé de vouloir faire "main basse" sur les ressources des handicapés, n'appliquera finalement pas le nouveau mode de calcul prévu dans le Budget 2016. La mesure risquait de réduire - parfois de façon significative - les aides accordées aux handicapés. Le nouveau mode de calcul prévoyait en effet de prendre en compte les intérêts non imposables des comptes d'épargne, tels que le livret A. Face à la bronca d'une partie de la gauche et des associations, l'exécutif a fait marche arrière. Une faute ? Pas pour Christian Eckert.
"La méthode c'est de dialoguer et de ne pas passer en force. Il n'y a pas eu de faute. Il y a eu un projet proposé par le ministère des Affaires sociales. Il a été discuté avec les parlementaires. Et le gouvernement a reconnu qu'il n'y avait pas lieu de le mettre en œuvre. Le débat est nécessaire. Il est permanent. Mais l'information va tellement vite que l'on utilise des peurs pour faire reculer le gouvernement", tente de se justifier un secrétaire d'Etat au Budget pas toujours très clair.
Le cimetière s'agrandit. La liste des cafouillages sur ce budget commence pourtant à être longue. Le gouvernement avait déjà décidé de prolonger à la dernière minute une exonération d'impôts locaux pour les retraités modestes, alors même que ceux-ci avaient déjà reçu leur feuille d'impôt (les explications ici). Il a aussi reculé sur la taxe sur le foncier non bâti : certains propriétaires de terrains dans des zones où il y a peu de logements avaient vu leurs taxes foncières s'envoler de façon ahurissante. Pour calmer la grogne des élus locaux, le gouvernement a également repoussé mardi la réforme du financement des communes.
Et cerise sur le gâteau : face à la colère des étudiants, l'exécutif devrait retirer mercredi une mesure de réforme de l'aide au logement versée aux étudiants non boursiers. De quoi donner des idées aux buralistes, qui ont également bon espoir d'enterrer la réforme du paquet neutre.
Eckert droit dans ses bottes. Tout cela n'envoie qu'un seul message clair : il est compliqué de réformer face aux lobbys. Le tout donne également un sentiment d'impréparation. Pourtant, du côté de la majorité, le mot "cafouillage" reste banni. Christian Eckert refuse pourtant de céder à la pression. "La question n'est pas celle de ma personne. Elle est de neutraliser des effets pervers de décision soit de nos prédécesseurs, soit de projets que l'on a posés sur la table. Nous travaillons avec nos équipes", pour que cela ne se reproduise plus, martèle le secrétaire d'Etat.
Côté députés socialistes, on assure également que le but n'est pas de plomber le gouvernement. Et que tout est "normal". "Il y a tout simplement des ajustements qui se font, comme chaque année. Le fait que cela ait lieu avant les élections n'impacte en rien le sujet. Il ne faut en rien y voir des éléments de cafouillages ou de discordances, c'est tout à fait normal", argumente au micro d'Europe 1 Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'état en charge des relations au Parlement. Reste que le phénomène dépasse la cadre du budget et du débat au Parlement : Manuel Valls a également enterré mardi soir le projet du droit de vote pour les étrangers aux élections locales.