Les députés ont entamé lundi l'examen de la partie "recettes" du budget de l'État pour 2025, qui prévoit 60 milliards d'économies, avec pour horizon une adoption sans vote via l'article 49.3 de la Constitution, faute de majorité pour le gouvernement à l'Assemblée. Le démarrage de ces discussions budgétaires lance pour de bon les semaines les plus importantes du jeune gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, soutenu par une fragile majorité Les Républicains-macronie et toujours sous la menace d'une censure du Rassemblement national.
À peine 48 heures après son rejet en commission des Finances, le texte revient dans sa version initiale en séance publique, comme de coutume pour les textes budgétaires. Un mal pour un bien pour le gouvernement, qui a vu sa copie largement réécrite en commission, avec 60 milliards d'euros de nouvelles recettes fiscales votées, selon le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI).
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"Une mesure qui inquiète les Français"
Dans son propos introductif, le ministre de l'Économie Antoine Armand a plaidé pour un budget devant permettre de ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025, réfutant toute "austérité" alors qu'il prévoit une augmentation de la dépense publique en volume de "0,4%". Antoine Armand a argué que deux tiers de l'effort proviendraient d'une baisse des dépenses. "Nous ne proposons pas d'imposer toujours plus les Françaises et les Français qui travaillent ou ceux qui transmettent le fruit de leur travail à leurs enfants", a-t-il promis.
Mais alors que le gouvernement propose de reporter la revalorisation de la retraite de base du 1ᵉʳ janvier au 1ᵉʳ juillet 2025, l'opposition est vent debout. "Geler les pensions de retraites, c’est la mesure qui inquiète le plus les Français" affirme le député socialiste Philippe Brun. À la tribune, toutes les forces politiques martèlent ce sujet, pour tenter de faire plier le gouvernement.
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Ne pas brusquer une population qui vote
"Est-ce que nous pouvons demander un effort aux retraités, dès lors qu’ils ont bénéficié en 2024 d’une revalorisation des pensions supérieure à l’inflation et supérieure à l’augmentation des salaires des actifs. Et que ce lissage ne concernera pas les minimas sociaux, qui seront bien revalorisés au 1ᵉʳ janvier. Je le crois", martèle devant les députés le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
Exclure les petites retraites, c’est la première concession faite par Laurent Saint-Martin dans ce débat, mais c’est encore insuffisant pour son allié des Républicains Véronique Louwagie. "Cet effort demandé aux Français met en outre à mal la confiance dans le mécanisme des retraites. Nous devons protéger nos retraités, et notamment les plus faibles pensionnés", insiste-t-elle. Avant d'ajouter : "La retraite n'est pas une aide sociale ! La retraite, c'est le fruit d'une vie de travail", souligne-t-elle, sous les applaudissements de ses collègues. Devant la menace d'une possible dissolution, aucune formation politique ne veut brusquer les retraités. Et pour cause, cette classe d'âge vote nettement plus que les autres.