La France d'hier, mais aussi celle "d'aujourd'hui et de demain". Au moment de débuter les commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale, dans le nord et l'est de la France, toute la semaine, Emmanuel Macron a accordé deux entretiens à la presse régionale, l'un aux journaux du groupe Ebra et l'autre à ceux du groupe Rossel, pour évoquer d'un côté les problèmes économiques et sociaux qu'il rencontre, un an et demi après son élection, et de l'autre les défis politiques qui se posent à lui en Europe et dans le monde. Morceaux choisis.
Sur la taxation du carburant
Face au mécontentement des automobilistes vis-à-vis de la hausse des taxes sur le carburant, Emmanuel Macron l'assure : il "entend très bien" la grogne. Dans le même temps, "il nous faut rentrer dans un modèle où il faudra plus taxer les énergies carbone afin de financer des modes nouveaux de déplacement, c’est indispensable pour le climat et pour lutter contre la pollution de l’air", explique-t-il.
"J'assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l'essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail", souligne le chef de l'État. "Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant, réclament aussi qu'on lutte contre la pollution de l'air parce que leurs enfants souffrent de maladies", ajoute Emmanuel Macron, ajoutant que "la hausse du prix à la pompe qu'on constate aujourd'hui est liée à 70% à celle des cours du pétrole". "On nous a expliqué pendant des décennies qu'il fallait acheter du diesel et maintenant c'est le contraire. C'est normal que ce soit mal compris", convient le président de la République, qui en profite pour dénoncer "l'opportunisme" et "la démagogie" de ses rivaux politiques qui le critiquent sur ce thème, à l'image de Xavier Bertrand dans le JDD, dimanche.
Sur son attitude vis-à-vis des Français
Alors qu'il a reconnu il y a quelques semaines que parler de "Gaulois réfractaires au changement" était "une erreur", Emmanuel Macron formule une sorte de mea culpa sur un manque de pédagogie dans les réformes qu'il mène. Le président de la République assume sa "part de responsabilité". "Je parle aux Français avec mon caractère, avec ma façon de faire. Quand ils sont inquiets, j'ai une part de responsabilité : c'est que je n'explique pas assez bien. Mais j'ai été élu sur un projet clair, sans ambiguïté et j'aurai des comptes à rendre pour longtemps", a déclaré le président qui, un an et demi après son arrivée à l'Élysée, est au plus bas dans les sondages.
Sur Ascoval
Le chef de l'État se veut clair : oui, "il y a un avenir pour le site Ascoval" de Saint-Saulve, menacé de fermeture, même si "rien n'est acquis". "La situation est aujourd’hui bien plus consolidée qu’il y a quelques semaines. J’ai demandé au gouvernement de tout faire pour trouver une solution sur ce site", alors que le projet de reprise par Altifort a été jugé "solide" et "crédible" par Bercy, qui veut régler ce dossier d'ici "début décembre".
Sur la montée des nationalismes
L'Italie avec la Ligue de Matteo Salvini, la Hongrie avec le Jobbik de Viktor Orban, la République tchèque avec l'ANO d'Andrej Babis… "Est-ce que les nationalismes ne sont pas en train de revenir ? Si. Est-ce que les gens qui sont en train de pousser le retour à des conflits ne sont pas en train de remonter dans de nombreux pays en Europe ? Si", prévient Emmanuel Macron dans cet entretien, alors que d'autres pays connaissent des poussées nationalistes, comme en France avec Marine Le Pen ou l'Allemagne avec l'Alternativ für Deutschland.
"Est-ce qu’on n’assiste pas dans le monde à un retour de pouvoirs autoritaires, à des risques de proliférations des armements ? Si, c’est la réalité", élargit le chef de l'État. "Et si je ne la nommais pas je ne ferais pas ma part de travail. Mais je ne fais pas que la nommer. Je m’y oppose, j’agis et je propose." Au point de craindre un nouveau conflit mondial : "Il y a aujourd'hui des indices d’une remilitarisation du monde. Tout cela ne va pas dans le sens d’un monde pacifié, d’une fin de l’histoire et d’une fin du tragique, je crois tout le contraire."
Sur les européennes
"Le moment est grave, il est plus dramatique qu’il y a un an", alerte Emmanuel Macron, qui n'hésite pas à parler de "tournant historique" pour la France, à six mois du scrutin de mai, crucial pour La République en marche. "Et c’est pour ça que ces élections européennes sont particulières. Elles doivent nous inviter à un sursaut, à un réveil collectif, on doit changer de méthode, mieux expliquer à notre peuple où on veut l’emmener ou pas. Avoir des projets clairs et accélérer. Il en va de la capacité de l’Europe à protéger nos concitoyens, à éviter les fractures contemporaines."