Après de longues heures d’attente, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler a finalement annoncé, lundi après-midi, la nomination par Emmanuel Macron du député-maire Les Républicains du Havre Édouard Philippe comme Premier ministre. Les deux hommes doivent désormais s’atteler à composer leur gouvernement pour diriger la France. Une quinzaine de ministres tout au plus, dont la moitié de femmes et un tiers venus de la société civile : Emmanuel Macron veut un gouvernement resserré et ouvert.
- Le gouvernement annoncé mercredi
Le juppéiste Édouard Philippe, 46 ans, a été nommé Premier ministre lundi après-midi, première étape de la "recomposition politique" souhaitée par le président Emmanuel Macron. Initialement prévue "mardi en fin de journée", l'annonce de la composition du gouvernement a finalement été repoussée à mercredi 15h, a indiqué lundi le service de presse de l'Élysée. Un report justifié par la nécessité de "vérifier la situation fiscale" des futurs ministres. Si la tradition est respectée (aucun texte de loi ne l’oblige), c’est le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, qui annoncera la composition du gouvernement, au palais présidentiel.
- Qui nomme les ministres ?
La loi est claire sur ce point : "Sur la proposition du Premier ministre, le président de la République nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions". Techniquement, c’est donc Édouard Philippe qui propose des noms. En réalité, la composition est souvent le fruit d’une discussion voire d’une tractation entre les deux plus hauts responsables de l’État.
Édouard Philippe devrait donc en discuter avec Emmanuel Macron, qui a des idées bien arrêtées sur les profils qu’il attend. Selon les dires du Président, le chef du gouvernement était choisi dès l’entre-deux tours. Il y a fort à parier que les deux hommes ont donc déjà commencé à réfléchir à leurs ministres. Cette dernière journée pourrait donc servir aux derniers ajustements.
- Les critères d’Emmanuel Macron
Lors de la campagne, Emmanuel Macron avait esquissé les contours de son gouvernement. "Je ne ferai pas mon gouvernement avec les états-majors des partis politiques", avait prévenu l'ancien ministre de l'Économie lors d’une conférence de presse, en mars, en précisant qu'il serait "composé d'une quinzaine de ministres tout au plus, qui seront d'abord choisis pour leurs qualités et pour leur expérience (...) pas pour leur supposé poids politique". Contrairement à ses premières affirmations, Emmanuel Macron pourrait convoquer d’anciens ministres "qui sauront diriger une administration et conduire une politique publique".
Emmanuel Macron avait ajouté que ces ministres seraient "issus pour une partie conséquente de la société civile, dans toute sa diversité." Raillant "une classe politique trop largement composée d'hommes de plus de 50 ans dont trop peu ont connu le monde du travail", celui qui était encore candidat à la présidentielle avait assuré que son équipe gouvernementale serait composée "pour moitié de femmes, y compris à des ministères de premiers plans". Il a par ailleurs affirmé vouloir "permettre à toutes les sensibilités politiques républicaines d'avoir une part dans la gestion du pays", sans pour autant former un gouvernement de coalition.
- Les rumeurs vont bon train
En attendant mercredi après-midi, les rumeurs fusent sur les prétendants aux différents ministères. Côté politiques, les piliers de La République en marche! reviennent régulièrement, comme le député Christophe Castaner, porte-parole du candidat pendant la campagne ou Richard Ferrand et Gérard Collomb, premiers socialistes à s’être ouvertement engagés pour Emmanuel Macron.
Si Emmanuel Macron et Édouard Philippe souhaitent de l’expérience, ils pourraient être tentés de se tourner vers Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense sous François Hollande dont le travail a été salué par le Président. Jean-Paul Delevoye, Bertrand Delanoë, François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Xavier Bertrand et Jean-Pierre Raffarin sont aussi cités.
S’il respecte la règle de la parité, le nouveau gouvernement devra intégrer un certain nombre de femmes. Parmi les favorites, on retrouve les eurodéputées centristes Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard et l’ex-ministre et actuelle patronne du FMI Christine Lagarde.
Enfin, le gouvernement réserve une belle place à la société civile, environ un tiers des postes. A ce jeu-là, l’ex-secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat est pressentie au Travail. Emmanuel Macron pourrait aussi vouloir mettre en avant ceux qui l’ont accompagné pendant la campagne comme l’économiste Jean Pisani-Ferry, la communicante Axelle Tessandier, son conseiller Benjamin Griveaux, la spécialiste de l’agriculture Audrey Bourolleau, l’avocate Laetitia Avia… Il se murmure également que Nicolas Hulot aurait accepté un poste au ministère de l'Environnement.
- Premier Conseil des ministres
La première photo de famille sera prise jeudi midi sur le perron de l’Élysée, et non mercredi comme le veut la tradition. Auparavant, la passation de pouvoirs dans les ministères aura eu lieu mardi à partir de 16h30. Emmanuel Macron présidera son premier Conseil des ministres dans la matinée le lendemain avant d’immortaliser son gouvernement avec une photo officielle "en rang d’oignons". Lors de cette réunion, Emmanuel Macron devrait, conformément à ses dires, donner des objectifs précis à ses ministres. "Ils seront en charge de leur administration avec une feuille de route claire, car il faut en finir avec un président responsable de tout", avait-il déclaré en mars.