Le gouvernement tente de répondre au phénomène des rixes entre bandes, qui ont endeuillé la région parisienne la semaine dernière. Plusieurs ministres du gouvernement de Jean Castex se sont réunis lundi pour mettre en place un plan afin de lutter contre ces affrontements. Étaient présents les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de la Justice, Éric Dupond-Moretti, et de l'Education, Jean-Michel Blanquer. "On pense tous à cet instant au sang de ces enfants tués pour rien au fond", a déclaré le garde des Sceaux à l'issue d'une visioconférence avec ses deux collègues, les préfets, procureurs et recteurs d'Île-de-France.
Ce rendez-vous avait été fixé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin après la mort d'une collégienne et d'un collégien, de 14 ans, poignardés au cours de rixes différentes, dans l'Essonne les 22 et 23 février. Un plan de lutte contre les bandes rénové doit être adopté d'ici le 1er mai, ont annoncé les ministères de la Justice et de l'Intérieur dans un communiqué.
Surveillance des réseaux sociaux
Ce plan prévoit notamment de recourir à des groupes locaux de traitement de la délinquance, sur le modèle de celui mis en place à Paris qui associe police, mairie et services éducatifs sous l'égide du parquet. Leur but sera notamment de surveiller les réseaux sociaux via lesquels les jeunes peuvent se donner rendez-vous pour en découdre. La sécurité aux abords des écoles, le suivi de l'absentéisme scolaire et la médiation de quartiers doivent également être renforcés. "On doit être complémentaires dans nos actions" a déclaré le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, lors d'un déplacement en Haute-Saône.
Pour éviter de nouveaux drames, il faut une généralisation "des bonnes pratiques", a plaidé Éric Dupond-Moretti, évoquant une "meilleure collaboration entre les différents parquets généraux" et un recours décuplé aux "interdictions de paraître". "Il faut développer" ces alternatives aux poursuites qui sont actuellement en expérimentation à Bobigny, Montpellier et Senlis et qui permettent "d'extraire" des jeunes "de la bande".
Accélération des procédures
Le Garde des Sceaux a également mis en avant le nouveau Code de justice pénale des mineurs, qui entrera en vigueur le 30 septembre et vise à réduire les délais de jugement. "On va passer de délais extrêmement longs où on voit des gamins de 16 ans qui sont jugés quand ils en ont 22" à "une justice qui peut être rendue très très vite", a-t-il assuré. "Si on laisse filer et qu'aucune réponse n'intervient, on a un risque de réitération".
Selon le ministère de l'Intérieur, 357 affrontements entre bandes ont été recensés en 2020 contre 288 en 2019, soit une hausse de près de 25%, et trois personnes ont été tuées et 218 blessées lors des affrontements de l'an dernier. À l'échelle nationale, le ministère recense 74 bandes, dont 46 sur le ressort de la préfecture de police de Paris, qui comprend aussi la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine.