Elle a voté pour la prorogation de l'état d'urgence. Mais la députée écologiste Cécile Duflot pourrait bien ne pas renouveler ce choix dans deux mois. "L'état d'urgence, ce n'est pas l'état d'exception permanent. Il est appliqué avec démesure et extensivité" par le gouvernement de François Hollande, a-t-elle regretté au micro d'Europe 1 vendredi. Dans son viseur, notamment : les nombreuses perquisitions et la proposition du président de la République d'étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français.
"Cela touche aux valeurs". Retirer la nationalité française aux personnes nées en France condamnées pour des actes terroristes "est totalement inefficace", a martelé Cécile Duflot. "C'est une fausse réponse, c'est mentir que de dire aux gens que cela va les protéger." Surtout, l'ancienne ministre du Logement juge que "cela touche aux valeurs de ce qu'est notre pays". "On discrédite ce qui a été la gauche pendant des années." L'élue n'est pas la seule, à gauche, à s'opposer à cette mesure. Le sujet est même devenu une épine dans le pied des socialistes, qui oscillent entre la tentation de prendre des mesures fortes après les attentats de Paris et la réticence à adopter un dispositif que l'extrême-droite a toujours réclamé.
Des perquisitions aux "effets secondaires négatifs". "Est-ce que les mesures permises par l'état d'urgence, notamment l'assignation à résidence et les perquisitions, sont utiles ?" s'est encore demandé Cécile Duflot. Alors que plus de 2.000 perquisitions ont été menées depuis le début de l'état d'urgence, la député écologiste en a fustigé "les effets secondaires négatifs". "Les motivations des perquisitions peuvent être sérieusement interrogées." Là encore, elle n'est pas la seule à avoir pointé des dérives, notamment des erreurs et un ciblage des militants écologistes par les interventions policières.
Otage de la communication. Pour Cécile Duflot, l'état d'urgence tel qu'il est appliqué relève plus d'une opération de communication que de la sécurité. "Le drame de la politique, c'est d'être l'otage de la communication. Il faut dire quelque chose, donc on va chercher des solutions qui n'en sont pas, a t-elle regretté. L'état de droit doit rester l'état de droit."