Les pêcheurs de Port-en-Bessin ont fait part de leurs craintes au gouvernement, mardi. Depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ils sont bannis de certaines eaux anglaises où ils avaient l'habitude de venir pêcher. Amélie de Montchalin, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, et Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, se sont voulues rassurantes.
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"Sincèrement, le Brexit nous fait peur, tout le monde a réagi assez violemment", déclare ce pêcheur face aux deux membres du gouvernement.
Les tensions ont été assez vives à Guernesey, île anglo-normande au statut autonome très particulier. Elle a pris l'initiative d'interdire l'accès à ses eaux territoriales aux pêcheur français dès le 1er février. Les Français ont répliqué en bloquant l'accès au port de Cherbourg pour empêcher les Anglais de venir vendre leur poisson.
Une situation qui pourrait préfigurer celle en cas de Brexit dur comme le craint Dimitri Rogoff, président du comité local de pêche : "On a pu mettre le doigt sur, concrètement, ce que pourrait être le Brexit. Donc on a dit : 'Vous voyez ce qu’il se passe à Guernesey à petite échelle'. S’il se passe la même chose à la fin de l’année, c’est tout le littoral du Nord de la France qui va être éjecté des eaux anglaises. Là, ça va s’embraser et ça va prendre des proportions incontrôlables."
Engagement diplomatique
"Il faut nous soutenir, il faut que l'on ait l'impression que l'Etat est avec nous", demandent les pêcheurs face à Sibeth Ndiaye et Amélie de Montchalin. Cette dernière leur répond : "Hier j'étais à Bruxelles, Michel Barnier est au courant. Nous avons reçu, vendredi après-midi, l'engagement diplomatique." Les pêcheurs français pourront continuer à faire ce qu'ils font à Guernesey jusqu'à la fin de l'année 2020, puis dans le cadre d'un accord négocié. "Alors les choses ne seront pas forcément exactement comme aujourd’hui, parce que si le Brexit se passe et que ça se passe exactement comme avant, vous comprenez bien que les Britanniques vont nous dire : ‘Il n’y a pas eu de Brexit.’ Mais nos objectifs sont clairs. Je crois que les pêcheurs aujourd’hui nous ont montré qui’ils étaient responsables. On ne doit pas faire autre chose que de les protéger et les défendre", a-t-elle ajouté mardi.
Finalement, une liste d’une quarantaine de bateaux a été transmise à Guernesey, qui doit leur délivrer une autorisation de pêche dans les heures à venir.