Chaque année, ils y défilent, serrent des mains, goûtent les produits, et veillent à soigner leur popularité au sein du monde rural. Les politiques seront une nouvelle fois nombreux à se rendre au Salon de l'agriculture cette année.
C'est Emmanuel Macron qui ouvrira le bal samedi matin, avant même l'ouverture officielle. Pour son premier Salon en tant que président, le chef de l'État aura à cœur de rassurer des agriculteurs inquiets, tant à cause de l'accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur qui se profile qu'en raison de l'interdiction programmée du glyphosate. L'an dernier, Emmanuel Macron s'était pris un œuf sur la tête. L'objectif cette année est de s'en sortir sans trop de sifflets, même si échapper aux interpellations devrait être impossible. Le chef de l'État a prévu de rester jusqu'à la fin de la journée, ce qui lui donnera peut-être l'occasion de croiser le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, attendu samedi après-midi.
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Outre Emmanuel Macron, l'exécutif sera représenté par le Premier ministre et quatre ministres de premier plan. Edouard Philippe va passer pas moins de trois jours sur place, les mardi 27 et mercredi 28 février, puis le jeudi 1er mars. Reste à voir si le "gentleman farmer" du gouvernement sera aussi à l'aise face aux vrais fermiers. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, viendra parler éducation et apprentissage du goût dans les écoles. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, évoquera quant à elle les métiers d'avenir. Inutile de préciser que Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture, se rendra aussi sur place. En même temps que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique. La tâche s'annonce difficile pour ces deux-là, qui cristallisent les mécontentements du monde agricole. Sans compter qu'une visite main dans la main ne va pas de soi, tant les deux ministres ont pu s'opposer sur divers sujets, notamment l'absence de Nicolas Hulot aux États généraux de l'alimentation ou encore les insecticides.
Pour l'opposition aussi, le Salon de l'agriculture est un enjeu majeur. Laurent Wauquiez en arpentera les allées deux jours, mardi et mercredi. D'abord en tant que président des Républicains. Puis avec la casquette de président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La dernière fois qu'il était sur place, sa journée avait pour le moins été mouvementée, puisqu'il accompagnait le candidat François Fillon, qui avait finalement repoussé sa venue de plusieurs heures, le temps d'annoncer sa mise en examen. L'édition 2018 de Laurent Wauquiez devrait être plus calme. Le chef de la droite jouera la carte du terroir, alors que son parti a notamment construit son opposition à Emmanuel Macron en se faisant le porte-voix des élus locaux et des territoires. Un argument électoral que Laurent Wauquiez ne manquera pas de rappeler porte de Versailles.
Marine Le Pen, elle, sera au Salon de l'agriculture mercredi toute la journée. La présidente du Front national le sait : les temps et la couleur des bulletins de vote ont changé dans les campagnes. Désormais, le FN enregistre de bons scores en zones rurales, et la fille de Jean-Marie Le Pen n'est pas huée comme pouvait l'être son père il y a dix ans. Porte de Versailles, la présidente frontiste va s'attacher à creuser son sillon et marteler ce qui est déjà au cœur de tous ces discours : la désertification des campagnes et les difficultés des agriculteurs pourraient être réglées si elle arrivait un jour au pouvoir. Grâce, notamment, aux investissements qu'elle promet pour cette "France des oubliés".
À gauche, en revanche, c'est morne plaine. L'agenda de la France Insoumise ne mentionnait vendredi aucune visite au Salon de l'agriculture. Jean-Luc Mélenchon l'avait d'ailleurs déjà boycotté l'an dernier. En pleine campagne présidentielle, il avait préféré consacrer une journée à l'environnement et au développement durable. Une manière de s'opposer au modèle d'agriculture productiviste prôné, selon lui, porte de Versailles.