Le titre de chef des armées pour le président est-il simplement «honorifique» comme l'a déclaré Marine Le Pen ?

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Arthur Delaborde // Crédits photo : ED JONES / AFP
La petite phrase de Marine Le Pen dans "Le Télégramme" ce jeudi a allumé la mèche d'une polémique sémantique. "Chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse", a déclaré la députée sortante du Rassemblement national.

Marine Le Pen a créé la polémique ce jeudi dans les colonnes du Télégramme, en déclarant que "chef des armées" était un simple "titre honorifique" pour le président de la République, "puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse". Son objectif est d'envoyer un message à Emmanuel Macron.

En cas de cohabitation, après une éventuelle victoire aux législatives, le RN aura les mains libres à la tête de l'État, en particulier sur les questions de défense. L'idée que Marine Le Pen veut imposer, c'est que le président en sera réduit à des pouvoirs très restreints, à l'image du rôle qu'il pouvait avoir sous la quatrième République. Ces déclarations ont immédiatement fait bondir la macronie. "La Constitution n'est pas honorifique", répond par exemple le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Qui est réellement le chef des armées ? 

L'article quinze de la Constitution établit clairement que le président est le chef des armées. De ce point de vue, on peut considérer qu'il ne s'agit pas d'un titre honorifique. Mais les articles 19, 20 et 21 de la Constitution confèrent également des pouvoirs très importants au Premier ministre. C'est lui qui a notamment la main sur le budget de la Défense, sur les affectations des troupes ou sur les ordres de mission.

Pour résumer, en période de cohabitation, le président et le Premier ministre sont contraints de décider ensemble et en cas de désaccord, tout est question de rapport de force politique. Seule exception : l'emploi de l'arme nucléaire qu'un président peut décider de déclencher seul.