"Cette réforme sera mise en œuvre comme c'était prévu", a martelé mardi le Premier ministre Manuel Valls à propos de la réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem. Les opposants sont pourtant nombreux. Invité mardi sur Europe 1, Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a ainsi dénoncé le credo du gouvernement, qui assure que cette réforme renforcera l'égalité entre les élèves. "Tout le monde est pour l'égalité. Mais il faut savoir si derrière un certain égalitarisme niveleur ne se cache pas un autre dessein, qui est d'empêcher en quelque sorte les bons de progresser sous prétexte de ne pas stigmatiser les moins bons", a affirmé celui qui a été ministre de l'Education nationale dans le gouvernement Fabius entre 1984 et 1986.
"On assiste à un affaiblissement de l'école". "Derrière une certaine forme de verbiage et des bonnes intentions affichées, on assiste à un affaiblissement de l'école", a poursuivi Jean-Pierre Chevènement, pour qui "on demande aux professeurs de faire tout, comme si l'école était responsable de tout". A propos des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) que veut introduire le gouvernement à la rentrée 2016, l'ancien candidat à la présidentielle est réservé : "je suis pour l'interdisciplinaire, mais à une condition : c'est que les savoirs disciplinaires soient convenablement maîtrisés. Or, ils le seront moins, puisqu'on va diminuer les horaires par discipline".
Jean-Pierre Chevènement redoute par dessus tout le nivellement par le bas. "L'erreur fondamentale, c'est de croire qu'en affaiblissant les exigences de l'école pour se mettre à la portée de ceux qui ne suivent pas, on va améliorer les choses", a-t-il estimé. "Au contraire, la dégringolade va être toujours plus profonde".