Le message n'a laissé aucune place à l'ambigüité. "Si je suis élu, notre ligne sera très claire. Il n'y a aucune alliance avec des élus du Front national et tous ceux qui ne partagent pas cette ligne ne feront pas partie de mon équipe", a asséné Laurent Wauquiez mercredi matin sur RTL. Le candidat à la présidence LR s'est ainsi montré très ferme vis-à-vis de l'association Sens Commun, issue de la Manif pour Tous et alliée de son parti, dont le président s'est dit prêt à "dialoguer" avec Marion Maréchal-Le Pen. Dans la foulée de sa déclaration, l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy a annulé sa participation à l'université de rentrée de l'association politique.
Pas toujours aussi ferme avec le FN. Cette fermeté à l'égard de l'extrême droite n'a pourtant pas toujours été la marque de fabrique de Laurent Wauquiez. Outre des positions flirtant avec celles du Front national sur de nombreux sujets, notamment sécuritaires –il est favorable à la rétention des fichés S pour radicalisation par exemple- le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n'avait pas appelé à voter Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors de l'entre-deux-tours de la présidentielle.
Ma ligne est claire aucune alliance avec le FN. Ceux qui passeraient à l'acte en s'alliant avec le FN n'auraient plus leur place chez LR.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 11 octobre 2017
Séduire sans se renier. Seulement voilà, la campagne pour la présidence des Républicains est passée par là. Et Laurent Wauquiez, grand favori de cette élection interne qui se déroulera mi-décembre, a décidé d'adoucir quelque peu son discours pour pouvoir rassembler.
Car l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur le sait : son positionnement droitier plaît aux militants mais fait peur aux élus de son propre parti. S'il veut emmener toute sa famille derrière lui, il va lui falloir mettre de l'eau dans son vin. Sans toutefois, et c'est là toute la difficulté, renier ses convictions et tenir un discours "filet d'eau tiède" comme il les abhorre.
Trophée juppéiste. Laurent Wauquiez a commencé par miser sur ses soutiens pour se présenter sous un jour moins droitier. À ce titre, le ralliement de Virginie Calmels, première adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, lui a été très bénéfique. L'image renvoyée est simple : si une juppéiste historique le rejoint, c'est qu'il n'est pas si sectaire que ses détracteurs veulent bien le dire. "La main tendue de Laurent Wauquiez était une façon d'ouvrir", a confirmé Virginie Calmels sur France Inter mercredi. "Il n'a échappé à personne que je n'ai pas exactement sa sensibilité." Quelques jours après l'annonce de son soutien, Laurent Wauquiez exhibait donc sa prise de guerre juppéiste lors de son ascension du mont Mézenc.
"Casser la caricature". Le candidat soigne par ailleurs davantage ses relations avec les députés LR, qu'il réunit régulièrement près de l'Assemblée nationale. Une façon, évidemment, de s'assurer d'obtenir les 13 parrainages de parlementaires nécessaires, mais surtout de rompre avec l'image dure qui lui colle à la peau et le dessert auprès des caciques LR. "Laurent est un bloc. Il a une autorité qui peut déplaire. Il doit casser la caricature qui est la sienne", résume Eric Woerth dans Le Monde. Laurent Wauquiez lui-même a martelé son objectif de rassembler lors de ses dernières apparitions publiques. En réunion publique à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, lundi, il s'est fait le chantre d'une "maison commune" pour toutes les sensibilités de droite. "Je ne veux plus de toutes ces petites écuries, je ne veux plus de toutes ces petites chapelles", a-t-il lancé.