Emmanuel Macron est attendu jeudi en début d’après-midi à Prague en République tchèque, où se tient la première réunion de la "Communauté politique européenne", ce tout nouveau format, initié par le président français, qui rassemble une grande partie du continent, sauf la Russie. Ils seront 44 dirigeants du continent à se retrouver d'ici à 14 heures. 44 chefs d’État et de gouvernement à prendre la pose tous ensemble pour une photo de famille.
Une photo qui vise à marquer les esprits
La "photo de famille" dans l'imposant château de Prague qui domine la vieille ville vise à marquer les esprits au moment où le président russe Vladimir Poutine brandit de nouveau le spectre de l'arme nucléaire et où le continent redoute une crise énergétique sans précédent. "Cette photo est très importante", explique un conseiller du président et se voudra comme une démonstration d’unité et un message clair adressé à la Russie de Vladimir Poutine. L’Europe fait bloc et bien au-delà du strict cadre des 27 membres de l’Union européenne. Malgré le Brexit, la Première ministre britannique Liz Truss sera dans le cadre tout comme le président turc Recep Tayyip Erdoğan.
Volodymyr Zelensky le président de l’Ukraine, pays membre également de cette CPE, interviendra par visioconférence. "C’était l’idée d’Emmanuel Macron quand il l’a proposé le 9 mai dernier à Strasbourg", rappelle un conseiller. L'idée de "rassembler le continent".
Que ressortira-t-il de cette première réunion ?
Mais au-delà de la photo et du symbole, le flou demeure sur ce qu’il ressortira concrètement de cette première réunion tant les divergences entre certains pays sont criantes, tant les trajectoires de certains pays sont différentes vis-à-vis de l'Union européenne : Norvège, Ukraine, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Moldavie, Serbie, Azerbaïdjan... Quel dénominateur commun entre des candidats déclarés (et impatients) à l'adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui choisissait il y a six ans de quitter l'UE avec fracas ? Et l'Arménie et l'Azerbaïdjan, tous deux membres de cette communauté, sont actuellement en guerre.
La CPE, une anti-chambre ?
La CPE s'inscrira-t-elle dans la durée ou rejoindra-t-elle la longue liste des projets sans lendemain sur le continent, à l'image de la Confédération européenne proposée en 1989 par François Mitterrand ? Ne risque-t-elle pas, enfin, de devenir une anti-chambre dans laquelle les candidats à l'adhésion patientent éternellement ? Il s'agit d'un "complément" et non d'une "alternative" au processus d'adhésion à l'UE, assure Emmanuel Macron.
"Il y a un enjeu d'affichage face à Poutine qui est important"
Au programme de ce premier sommet : des groupes de travail, un dîner, mais pas de déclaration finale signée par tous les participants. Les organisateurs espèrent l'annonce de possibles projets de coopération concrets, en particulier sur l'énergie. "Il y a un enjeu d'affichage face à Poutine qui est important", estime Elvire Fabry. Mais si l'image des 44 dirigeants réunis aura du poids, "elle ne suffira pas", met-elle en garde. Pour la suite, la France espère une réunion au printemps 2023 avec l'annonce à Prague du nom du prochain pays hôte, qui ne serait pas membre de l'UE. La Moldavie est sur les rangs.