Qui l'emportera ? Le Premier secrétaire sortant du Parti socialiste Olivier Faure, et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol s'affrontent jeudi pour prendre la tête du PS, un duel à l'issue incertaine, dans une ambiance tendue. Le résultat pourrait avoir des conséquences sur l'accord conclu en mai 2022 pour les législatives avec la France insoumise, Europe Ecologie - les Verts et le Parti communiste français.
Olivier Faure défend sa stratégie d'alliance de gauche
Cette alliance a permis de garder un groupe de 32 députés socialistes à l'Assemblée nationale, malgré l'échec historique à la présidentielle de la candidate Anne Hidalgo (1,7%), mais a profondément divisé le PS, entraînant des départs et des dissidences aux législatives.
Olivier Faure défend sa stratégie d'alliance de gauche "sans exclusif", seule moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l'extrême droite en 2027, tandis que Nicolas Mayer-Rossignol, plus réservé sur cet accord qu'il juge "perdant", ne cache pas ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon, et a recueilli le soutien de la troisième candidate, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes.
Les résultats attendus dans la nuit
Les 41.000 adhérents socialistes doivent départager les deux hommes, entre 17 et 22h00, dans les sections du parti, avant un Congrès fin janvier à Marseille. Les résultats sont attendus dans la nuit, voire vendredi matin. Difficile de déterminer l'ampleur du vote, en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites - à laquelle appelle le PS-, et encore moins d'anticiper les scores, les deux candidats étant convaincus de l'emporter.
Une bataille de chiffres est à prévoir, comme lors du vote des militants sur le texte d'orientation jeudi dernier, destiné à déterminer le rapport de force dans les instances du parti. Seuls 22.944 adhérents se sont alors exprimés, plaçant Olivier Faure en tête à 49,1% des voix, contre 30,51% pour Nicolas Mayer-Rossignol, et 20,34% pour Hélène Geoffroy.
Le maire de Rouen "n'envisage pas de ne pas gagner", affirmant qu'il y avait "une tendance de fond" autour de sa candidature et une "attente de renouveau" de la part des militants.
Nicolas Mayer-Rossignol dément tout "accord secret" avec les anti-Nupes
Soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente d'Occitanie Carole Delga et l'ex-président François Hollande, il se targue d'avoir mis "en minorité" la direction sortante, et affirme être le seul à pouvoir rassembler, sur une "voie centrale". L'élu normand répète qu'il veut une autre union de la gauche où le PS soit "allié mais pas aligné", mais le député Jérôme Guedj, proche d'Olivier Faure, s'insurge : "c'est ce qu'on incarne depuis le début à l'Assemblée, on a toujours dit qu'on avait une singularité à conserver. "Avec la Nupes, le PS est réhabilité à gauche, il n'est plus la gauche d'accommodement", insiste-t-il.
Nicolas Mayer-Rossignol compte pour l'emporter sur une mobilisation des abstentionnistes, sur un retournement de certains électeurs de Faure qui auraient voté selon lui par défaut, et sur les report des électeurs d'Hélène Geoffroy. Il dément tout "accord secret" entre lui et les anti-Nupes, alors que le camp adverse dénonce "une alliance de la carpe et du lapin" entre deux lignes stratégiques différentes.
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Pour Olivier Faure, les résultats du premier vote prouvent que seuls 20% des adhérents ont voté contre la Nupes, confortant de fait sa ligne. "Est-ce que les 80% d'adhérents qui ont voté contre le retour en arrière vont voter jeudi pour le retour des éléphants ?", qui sont pour beaucoup derrière Hélène Geoffroy, a-t-il demandé.
Son entourage souligne que malgré ses 49,15% au premier vote, il dispose d'"une majorité absolue au conseil national" (sorte de parlement de la formation, ndlr), grâce à l'appui d'au moins 60 premiers secrétaires fédéraux, qui comptent pour un tiers dans la composition du conseil. Il s'agit d'une projection, le vote des premiers fédéraux n'aura lieu qu'en février. "Ca n'existe pas une élection où on est à 49,15% et où on perd à la fin", veut croire un proche.