Manuel Valls a affiché sa détermination réformiste, samedi, devant le congrès des socialistes à Poitiers, rendu un hommage particulier à François Hollande et pourfendu Nicolas Sarkozy. Le gouvernement doit "continuer à réformer" et il n'y aura "pas de pause". Il faut continuer sur cette ligne "pour amplifier encore la croissance. Pour plus d'emplois", a souligné le Premier ministre, en assurant que "faire baisser le chômage, (...) c'est l'engagement du Président de la République. Et nous le tiendrons!".
Dans un discours de près d'une heure où pointait clairement la perspective de 2017, Manuel Valls n'a pas lésiné dans ses hommages à François Hollande, qui "incarne avec courage la voix de la France", suscitant par ses mots une ovation debout de la salle, bien plus nombreuse que la veille. Il a tenu aussi à assurer le président de la République de sa "loyauté sans faille", promettant qu"'il n'y a pas d'aventure personnelle".
L'amour socialiste. Le Premier ministre a aussi soigné sa gauche. "J'aime les socialistes et je sais ce que je vous dois", a-t-il dit à nouveau, comme en août à l'université d'été à La Rochelle, en saluant leur "rassemblement" derrière Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire. Et lui qui mettait en garde en juin 2014 contre la "gauche qui peut mourir" ou évoquait à l'automne de changer le nom du parti, a assuré : "Non, le PS, n'est pas mort". "La gauche, elle ne peut pas être triste", "soyons fiers d'être de gauche", a-t-il lancé.
Sur la fiscalité, un sujet sensible chez les socialistes qui ont tous réclamé une réforme, Manuel Valls a promis que le gouvernement allait engager "le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, première étape d'une modernisation de notre imposition".
Il persiste sur la travail du dimanche. En marge de son discours, le Premier ministre a également assuré que sur le travail du dimanche, "les choses ont déjà été bien discutées en première lecture à l'Assemblée nationale" et qu'il ne voyait "pas de raison de revenir là-dessus". A-t-il l'intention de recourir à nouveau à l'article 49-3 pour faire passer ce texte qui revient lundi à l'Assemblée ? "Nous verrons bien !", a-t-il répondu, répétant : "Nous verrons bien quel est le moyen de faire passer vite ce texte".
Il salue les ministres... mais pas Macron. Défendant les principes de la République, le chef du gouvernement a salué aussi, avec particulièrement d'intensité, "la belle et grande réforme" des collèges, portée par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education, "qui agit et réforme", à la différence, selon lui, de nombre de ses prédécesseurs de droite. Le Premier ministre a aussi rendu hommage à l'action de plusieurs de ses ministres, comme Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Absent du discours en revanche, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, controversé chez les militants PS.
Sarkozy en ligne de mire. Mais c'est à Nicolas Sarkozy, le président des Républicains, que le Premier ministre a réservé ses mots les plus durs. "Faire de la politique, c'est débattre, argumenter. Ce n'est pas vociférer ou insulter. Par ses pratiques dans l'opposition, Nicolas Sarkozy est déjà un problème pour le pays", a-t-il accusé. Selon lui, "ce que cache le rhabillage de l'UMP, c'est un manque abyssal d'idées ! C'est la synthèse entre les fausses promesses de 2007 et le discours halluciné de Grenoble. En guise de renouveau, on nous propose un grand retour en arrière !" "Moi, comme vous (...) je ne veux pas que Nicolas Sarkozy récidive (...) qu'il continue d'ouvrir un peu plus la porte à cet ennemi redoutable qu'est l'extrême droite", a-t-il encore appuyé, devant un auditoire ravi.