Vingt-quatre militants ont été assignés à résidence dans le cadre de l'état d'urgence décrété après les attentats, dans le but de les empêcher d'aller manifester à Paris lors de la COP21, a-t-on appris auprès du ministère de l'Intérieur, une situation dénoncée par leurs soutiens.
Mouvance contestataire radicale. Dans trois de ces arrêtés, les personnes visées, âgées de 27 à 30 ans, soupçonnées d'appartenir à "la mouvance contestataire radicale", ont interdiction de quitter leur ville de l'ouest de la France, à moins d'obtenir une autorisation du préfet; elles doivent pointer trois fois par jour au commissariat et ont l'obligation de rester à leur domicile de 20h à 06h, jusqu'au 12 décembre, lendemain de la clôture de la conférence climat à Paris. Dans ces trois cas, le motif invoqué par le ministre de l'Intérieur est toujours le même, celui "de la gravité de la menace" que la personne, soupçonnée d'appartenir à "la mouvance contestataire radicale", "représente pour l'ordre et la sécurité publics".
"Une atteinte au droit de manifester". Dans les arrêtés, le ministère reproche aux trois assignés d'avoir déjà commis de "graves troubles à l'ordre ou la sécurité publics" en participant à des manifestations violentes et souligne qu'ils ont déjà été interpellés, à une reprise, en possession de cocktail molotov. Leur avocate, Marie Dosé, dénonce "une atteinte au droit de manifester" et "un détournement de l'état d'urgence". Elle va former des recours au tribunal administratif. Selon les arrêtés, "la forte mobilisation des forces de sécurité pour lutter contre la menace terroriste ne saurait être détournée pour répondre aux risques d'ordre public liés à de telles manifestations revendicatives". Un argument "pervers" pour l'avocate: "Il faudrait prévenir le fait que des gens viennent manifester parce qu'il n'y aurait pas assez de policiers?"
Les manifestations en marge de la COP21 interdites. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a rappelé que la COP21 verra 147 chefs d'Etat venir à Paris et que toutes les manifestations en marge de cet événement ont été interdites. "Ces différentes mesures d'assignations à résidence", 24 au total, "reposent sur des dossiers solidement étayés, et sont évidemment susceptibles de recours devant la justice. L'état d'urgence n'est pas la négation de l'Etat de droit", a-t-il ajouté. Jeudi, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) avait déjà dénoncé une assignation à résidence visant Joël Domenjoud, membre de l'équipe juridique de la Coalition climat, qui regroupe des organisations de la société civile.