Trois semaines après une première conférence de presse au long cours pour faire un point sur la situation, Édouard Philippe s'est de nouveau exprimé sur la crise du coronavirus, dimanche après-midi, en compagnie d'Olivier Véran, ministre de la Santé, et Florence Ader, infectiologue. Parmi les éléments saillants de cette conférence de presse figure l'idée que l'épidémie est moins grave qu'il y a quelques semaines, mais que "la crise sanitaire n'est pas terminée". On fait le point sur les éléments à retenir de ce point de situation.
Après un mois, "le confinement a fonctionné"
C'est le premier constat dressé par Édouard Philippe : le confinement mis en place mardi 17 avril à l'immense majorité des Français "a fonctionné". "Cette crise sanitaire n'est pas terminée mais nous marquons des points", a-t-il salué. Depuis le début du confinement, 13,5 millions de contrôles ont été menées, avec 800.000 infractions observées.
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Deux "principes" pour le déconfinement
Refusant d'entrer dans les détails d'un plan exhaustif de déconfinement, qui sera présenté "dans deux semaines", Édouard Philippe a fixé deux "principes", deux conditions, pour l'après-11 mai. Il s'agit de "rétablir la capacité d'accueil des hôpitaux" et "faire en sorte de limiter au maximum la circulation du virus".
En l'absence d'un vaccin et d'un traitement efficace connu, il a insisté sur trois "outils" pour assurer la prévention contre le virus, que sont "les gestes barrières", amenés à s'immiscer durablement dans la vie quotidienne des Français, "les tests rapides" avec l'objectif de 500.000 tests par semaine d'ici au 11 mai et "l'isolement des porteurs du virus".
Pas de réouverture de toutes les écoles le 11 mai
Le Premier ministre a rappelé le principe d'une "réouverture progressive" des crèches, écoles, collèges et lycées : "Les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai et ne fonctionneront pas partout dans les conditions dans lesquelles elles fonctionnaient le 11 février ou avant". Quant aux modalités concrètes de réouverture des établissements, aucune "décision" n'a été prise pour l'heure et "toutes les hypothèses sont sur la table", dont celle de d'élèves en demi-classes.
Un isolement possible à l'hôtel pour les personnes testées positives
Si une personne est testée positive au coronavirus à partir du 11 mai, elle aura une décision à prendre, a expliqué le Premier ministre : "Vous aurez le choix entre un confinement à domicile, qui fera peser sur vous et sur l'ensemble de ceux qui vivent avec vous des obligations très strictes de ne pas sortir, ou un lieu qui n'est pas votre domicile, qui pourra être un hôtel. Dans ce cas-là, vous passerez une durée déterminée dans cet hôtel pour éviter de contaminer d'autres personnes".
Du mieux sur le front hospitalier
L'amélioration de la situation constatée se traduit d'abord sur le front hospitalier, avec deux phénomènes. D'abord, une nouvelle baisse du nombre d'hospitalisations et d'entrées en réanimation, annoncée par le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Dans le même temps, "notre capacité en matière de lits de réanimation est passée de 5.000 à 10.500", a détaillé Édouard Philippe. "Nous avons besoin de poursuivre la diminution de cette occupation et de reconstituer nos forces."
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Le port du masque "obligatoire" dans les transports ?
Élément fondamental de la sortie de crise, la question des masques a été abordée. "Il est probable que s'agissant des transports publics, il soit obligatoire de porter un masque grand public", a avancé le Premier ministre. Côté production, "8 millions" de masques grand public "ont été produits la semaine écoulée dans notre pays", avec l'objectif de "17 millions par semaine d'ici le 11 mai".
Un droit de visite dans les Ehpad
Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la mise en place d'"un droit de visite" des familles en direction des personnes âgées en Ehpad, grâce à "des recommandations nouvelles". Olivier Véran a immédiatement précisé : "Ce sera dans des conditions extrêmement limitées". Il n'y aura pas plus de deux personnes des familles en même temps lors des visites. Celles-ci se dérouleront sous la responsabilité des directeurs d'établissement. Les contacts seront prohibés, il ne sera pas possibilité de toucher la personne. "On peut passer beaucoup de choses par le regard", a ajouté le ministre.
Le maintien du télétravail encouragé
Alors que la France vit "la plus grande récession depuis 1945" et la fin de la Seconde Guerre mondiale, "il va falloir faire en sorte que le télétravail se poursuive dans la mesure du possible", a encouragé le Premier ministre, pour limiter les risques de propagation du virus dans les entreprises. "Un certain nombre de commerces pourra rouvrir", mais "pas les cafés ni les restaurants", a-t-il expliqué.
Un second tour des municipales impossible en juin ?
"Je ne sais pas si les élections pourront se tenir à la fin du mois de juin", a déclaré le Premier ministre, qui a répété qu'une décision serait prise sur le second tour des municipales le 23 mai prochain.
"La vie d'avant" ne sera pas pour demain
Enfin, malgré plusieurs améliorations sur le front de la crise sanitaire, il faudra avoir "toujours à l'idée que notre vie à partir du 11 mai ce ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement", selon Édouard Philippe. "Pas tout de suite et probablement pas avant longtemps", a-t-il souligné, ajoutant que les Français devront "apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus".