Se dirige-t-on vers un changement radical de stratégie ? Jusqu'à jeudi matin encore, il était hors de question, pour le gouvernement mais aussi l'ensemble de la classe politique, d'envisager un report des élections municipales, en dépit de l'épidémie de coronavirus. Le Premier ministre Edouard Philippe lui-même assurait que le scrutin aurait bien lieu. Dans l'après-midi, un article du Journal du Dimanche est venu semer le doute. Alors qu'Emmanuel Macron doit prendre la parole à 20 heures, repousser les élections n'est plus un tabou.
De nouvelles données scientifiques
Que s'est-il passé entre-temps qui justifierait un tel revirement ? "Il y a eu plusieurs réunions et beaucoup de données scientifiques, médicales, ont été fournies", explique David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef du service politique du JDD, au micro d'Europe 1. "Des responsables sanitaires ont fortement plaidé pour un report."
Ce qu'ils ont montré, c'est qu'il était "possible d'envisager la tenue du premier tour" le 15 mars, mais que celle du second, le 22, était rendue "extrêmement difficile" par les projections réalisées. Les experts anticipent une "augmentation exponentielle de l'épidémie", détaille David Revault d'Allonnes. "C'est la raison pour laquelle le président Macron, son équipe, ont commencé à changer de pied et envisager sérieusement l'hypothèse de ce report."
Trois options pour organiser un report
Si ce report n'était pas encore acté en fin d'après-midi, il pose d'ores et déjà des questions. Est-ce tout simplement possible ? Il existe trois options pour reporter une élection. D'abord, qu'une loi soit votée par le Parlement. Mais trois jours avant le premier tour, les délais sont bien trop courts, il est quasiment impossible de la rédiger et l'adopter.
Le conseil des ministres peut également prendre un décret pour prolonger les mandats des maires actuels.
Troisième solution : que le président de la République invoque l'article 16 de la Constitution. Cela lui permettrait d'accroître ses pouvoirs politiques, donc de repousser les élections.
Risques politiques
Le président de la République a consulté le Premier ministre jeudi après-midi à l'Élysée. Il a rendez-vous par téléphone avec Gérard Larcher, le président du Sénat, avant ce soir, ce qui accrédite encore la thèse d'un report des élections.
Reste que politiquement, un report est explosif. "Je ne peux pas croire qu'ils n'aient pas anticipé un pic épidémique", réagit l'entourage de Gérard Larcher qui, lui-même, plaidait vivement jeudi matin pour un maintien du scrutin. Dans la majorité aussi, on s'inquiète des éventuelles retombées politiques. "On ne s'en remettrait pas", s'alarme un conseiller. Réponse à 20 heures ?