L'image restera de ce premier déplacement officiel d'Emmanuel Macron en Israël depuis son arrivée au pouvoir en 2017 : mercredi, le chef de l'État s'en est pris à un policier israélien posté à l'entrée de la basilique Sainte-Anne, territoire français situé à Jérusalem-Est. "Je n'aime pas ce que vous avez fait devant moi", a-t-il crié dans un anglais aux forts accents français, rappelant dans les intonations et dans l'attitude la sortie de Jacques Chirac dans le même quartier, en 1996. Peut-on cependant parler d'un geste volontaire ? Europe 1 a posé la question au politologue Olivier Duhamel.
Une répétition "extraordinaire"
"Ce qui est étonnant, c'est que c'est presque la répétition de ce qui s'était passé avec Jacques Chirac en 1996 : dans le même pays, le même type d'incidents avec la police… C'est rare que ça se produise et c'est extraordinaire que ça se répète", affirme Olivier Duhamel. "Tout de suite, on se dit que tout ça est calculé pour apparaître comme populaire, car Chirac était devenu très populaire dans le monde arabe après cette histoire. Ça n'a pas de sens ! C'est un scénario trop compliqué à monter."
"En revanche, quand ça se produit, Emmanuel Macron se souvient de l'épisode Chirac et il réagit de façon analogue", poursuit le politologue. "Il sait qu'il va être comparé à Jacques Chirac et que ce n'est pas négatif a priori." En anglais et devant les caméras des smartphones, le chef de l'État a sermonné les forces de sécurité israéliennes : "Allez à l'extérieur je vous prie, personne n'a à provoquer personne, c'est compris ? Nous restons calme, nous avons fait une magnifique marche, vous faites du bon boulot dans la ville et je l'apprécie, mais s'il vous plaît, respectez les règles établies depuis des siècles, elles ne changeront pas avec moi, je peux vous le dire", a-t-il ajouté. "C'est la France ici, et tout le monde connaît la règle."
"Quelque chose qui ne déplaît pas"
En réagissant de la sorte face aux policiers de l'État hébreu, Emmanuel Macron sait donc qu'il sera immédiatement comparé à Jacques Chirac. Peut-il en retirer un bénéfice politique ? "Globalement, c'est quelque chose qui ne déplaît pas aux Français quand leur président de la République affirme son autorité", assure Olivier Duhamel. "Beaucoup de sorties d'Emmanuel Macron lui ont fait du mal, mais je pense que celle-là ne peut pas lui en faire." Sur les réseaux sociaux, le chef de l'État a pourtant été moqué pour cette référence appuyée à l'ancien président français.