Rien ne pourrait mieux illustrer la situation financière d'Europe Ecologie-Les Verts que le défilé terrible qui se déroule en ce moment même dans les bureaux de la direction. Les 18 salariés permanents du parti sont reçus un à un et se voient expliquer que six d'entre eux vont bientôt devoir partir.
Le prix de la défaite… Cette réduction d'effectifs est la conséquence d'un implacable décompte. Les élections régionales ont coûté très cher aux écologistes. D'une part, les candidats dont les listes n'ont pas obtenu 5% des suffrages, ce qui était le cas d'EELV par exemple dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Bourgogne-Franche-Comté, ne voient pas leurs frais de campagne remboursés. D'autre part, les élus régionaux versaient une cotisation mensuelle au parti. Mais ils sont 200 de moins qu'en 2010, ce qui représente un manque à gagner de 400.000 euros chaque année pendant six ans.
…et celui de la défection. EELV paie donc le prix de la défaite, auquel vient s'ajouter celui de la division. Car la défection de huit de ses parlementaires à la fin de l'été dernier a, là encore, fait un trou de plus de 400.000 euros dans la caisse. Le parti avait d'ailleurs indiqué, en septembre, qu'il réclamait respectivement 11.600 et 13.500 euros à François de Rugy et Jean-Vincent Placé. Le député et le sénateur avaient claqué la porte du mouvement alors qu'ils n'étaient pas passés à la caisse depuis plusieurs mois.
5,5 millions de dettes. Au total, EELV fait face à 5,5 millions d'euros de dettes, des fournisseurs qui s'impatientent et des banques qui haussent le ton. Un rendez-vous décisif avec les banquiers doit lui permettre, à la fin du mois, de réviser les conditions du découvert accordé au parti. Mais son trésorier avoue que les Verts ont vécu au-dessus de leurs moyens depuis des années.
Réduction des dépenses. Dès à présent, toutes les dépenses du parti vont donc être réduites de 30%. Les écologistes comptent également sur la vente de leur siège, situé dans le Xe arrondissement de Paris. "La Chocolaterie", une ancienne usine de 800 mètres carré qu'EELV a acquis en 2003, est sur le marché de l'immobilier depuis plusieurs mois mais ne trouve pas preneur. Son prix, actuellement aux alentours de 3 millions d'euros, devrait être baissé. Le bâtiment, "inadapté" ainsi que l'expliquait l'ancienne coprésidente du parti, Barbara Pompili, est un gouffre énergétique, mal isolé et trop cher à chauffer. Un comble pour les écologistes.