"Quand j’imagine Marine Le Pen représenter la France, quand je réalise le risque qu’elle soit élue, je trouve cela monstrueux. Le Pen, je dis non". Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin et un des 11 derniers compagnons de la Libération encore en vie, s’inquiète dans une interview au Journal du Dimanche d’une possible victoire du Front national à la présidentielle. Parti à Londres en 1940, alors que le régime de Vichy dirigeait la France occupée, Daniel Cordier estime que Marine Le Pen représente "la négation de tout ce pourquoi nous nous sommes battus".
"La France d’aujourd’hui n’est plus du tout celle de ma jeunesse". "Marine Le Pen, c’est la France de la réaction, c’est la France de Charles Maurras qui continue. Ce retour est effrayant. La France d’aujourd’hui n’est plus du tout celle de ma jeunesse", regrette Daniel Cordier. L’ancien résistant, fervent défenseur de l'Europe, estime qu’"il n’y a pas d’autre solution que l’Union européenne. C’est l’antidote à la guerre. Imaginer que la France quitte l’Europe est bouleversant", lâche-t-il, comme un écho au programme de Marine Le Pen axé sur le principe de la "priorité nationale".
Il appelle à voter Macron. Réagissant au discours commun de Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen samedi, qui multipliait les références au gaullisme, Daniel Cordier peste : "Dans leur bouche, ce ne sont que des mots. De simples mots creux, qui ne disent rien. Ces gens-là parlent sans savoir ce qu’a été le gaullisme de 1940. Quand je les entends revendiquer cet héritage, je le ressens comme une imposture." À 96 ans, celui qui se dit comme "un homme de gauche" prend position pour la première fois depuis la Libération dans le débat politique français, et appelle à voter Emmanuel Macron "sans hésitation et sans aucune réserve".