Le président de la République a choisi les colonnes de Valeurs Actuelles pour muscler son discours sur l’immigration. Dans un entretien fleuve donné au magazine et publié jeudi, Emmanuel Macron évoque également l’islam et le communautarisme, deux sujets qui ont largement nourri le débat public ces dernières semaines. "Ce qui me choque, c’est qu’il va sur Valeurs actuelles pour exprimer les idées les plus limites de son discours", a réagi au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d’Europe 1, Michel Sapin, l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande.
Michel Sapin se dit moins heurté par l’inflexion à droite que semble opérer le chef de l’Etat sur les thématiques régaliennes que par le choix du média pour l’exprimer, à savoir un hebdomadaire conservateur, étiqueté à l’extrême droite par certains commentateurs. "S’il s’était exprimé dans Valeurs actuelles pour dire des choses profondément conformes aux valeurs de la République, pourquoi pas ? Ce serait aller sur le territoire de ceux d’en face pour parler clair et ferme", explique l'ancien locataire de Bercy. "Ce qui me choque, c’est qu’il va sur Valeurs actuelles pour exprimer les idées les plus limites de son discours."
Le choix des mots
"Droit-de-l’hommisme", "relents marxistes", "sortir tous les gens qui n’ont rien à faire là"... Emmanuel Macron emploie dans cet entretien un langage qui peu surprendre dans la bouche d’un président de la République. Pour Michel Sapin, le chef de l’Etat a sciemment adopté des "mots qui font plaisir au lectorat de Valeurs actuelles." "Aller sur le terrain de l’autre, oui, c’est ça le débat démocratique, mais pas pour utiliser les mots de l’autre", poursuit l’ancien député de l’Indre. "Il faut aller sur le terrain de l’autre pour utiliser ses propres mots, ce qu’il n’a pas fait. C’est ce que je regrette le plus", conclut-il.