La situation n’était plus tenable pour le haut-commissaire aux retraites. Accusé au mieux de légèreté, au pire de faute, pour ne pas avoir déclaré l’ensemble de ses activités dans divers conseils d’administration, Jean-Paul Delevoye, fragilisé, a fini par annoncer lui-même son départ du gouvernement, lundi vers midi.
Comment réagit-on au sein de l'exécutif ?
Il avait envoyé dans la matinée une lettre manuscrite au président, et eu le Premier ministre au téléphone. "La confiance est fragilisée sous les coups d'attaques violentes et d'amalgames mensongers", a expliqué Jean-Paul delevoye dans son communiqué. Et de poursuivre : "En me maintenant je fragilise le projet." Pour sauver une réforme des retraites en pleine tourmente, l'ex-haut-commissaire a donc préfère partir. Une décision qu'Emmanuel macron a acceptée "avec regret", a précisé l'Elysée. Car Jean-Paul Delevoye connaît très bien le dossier, et a de bonnes relations avec les syndicats. "Le monsieur retraites qui part en pleine crise, c'est chaud", reconnaît un conseiller ministériel. Mais "la pression était trop lourde", dit-on à Matignon.
Qui pourra remplacer Jean-Paul Delevoye ?
L’exécutif souhaite désormais le remplacer "au plus vite", et recherche pour cela un bon technicien doublé d'un bon politique. Edouard Philippe reçoit mercredi les syndicats, mais pas sûr qu'un monsieur ou une madame retraites soit sur le pont d'ici là, temporise l’Élysée. Il y a de fait deux options. La première est de faire entrer quelqu'un au gouvernement, tout en le suivant de près pour éviter de mauvaises surprises. La seconde serait qu'un ministre actuellement en poste récupère le dossier retraites.
Dans ce dernier cas de figure, quelques noms circulent déjà en coulisses : Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, son secrétaire d'Etat ou encore Agnes Buzyn, ministre de la Santé.
À quoi servira le remplaçant de Jean-Paul Delevoye ?
Le départ de Jean-Paul Delevoye fait "tâche", mais il s'agit tout de même du scénario le moins compromettant pour le gouvernement. Le moins compromettant parce que la concertation que le Haut commissaire a conduite avec les partenaires sociaux depuis deux ans est désormais derrière. Et depuis, c’est une nouvelle séquence qui s’est ouverte : tout le monde a compris que c’est désormais Edouard Philippe qui est en première ligne sur le sujet. C’est lui qui a présenté l’architecture de la réforme mercredi. Et c’est lui qui est à la manœuvre depuis la fin de la semaine dernière pour tenter de renouer le dialogue avec les syndicats.
Mais en déduire que Jean-Paul Delevoye n’avait plus de rôle à jouer, c’est aller sans doute un peu vite : sa connaissance exhaustive des positions des uns et des autres sur la réforme va sûrement manquer à l’Exécutif alors qu’une négociation cruciale va s’engager à partir de mercredi avec les partenaires sociaux. Et alors que le Parlement s’emparera du sujet à partir de février prochain.
Matignon et Elysée veulent également avoir une personne en charge du dossier pour les débats parlementaires, qui s'ouvriront à l'Assemblée nationale en février. Mais pour des raisons qui n’ont rien à voir avec son expertise, le désormais ex-haut-commissaire n’est plus l’homme de la situation.