Sa démission est un cri de désespoir qui a résonné dans toutes les mairies de France. Victime d'un incendie et de menaces dans le cadre d'un projet d'accueil de demandeurs d'asile dans sa commune, le désormais ancien maire de Saint-Brévin-les-Pins doit rencontrer la Première ministre pour évoquer les circonstances de son départ de la commune de Loire-Atlantique, mais aussi sur les menaces qui planent sur les maires de France dans un contexte social national tendu.
"C'était même à Emmanuel Macron de se déplacer"
À Saint-Brévin, les habitants spéculent sur cette entrevue. "J'espère qu'il va dire les bonnes choses", confie par exemple Michèle, une passante. Les bonnes choses que son maire démissionnaire, Yannick Morez, doit d'abord rappeler à Élisabeth Borne selon Michèle, c'est une notion élémentaire : la sécurité. Mais aussi du soutien, qui semble-t-il, a manqué à l'élu, pourtant menacé depuis des semaines avant cette invitation à Matignon. "Il a été agressé et pourtant il n'y a pas un chat donc c'est pas normal", gronde Bruno, Brévinois. "Vu comment cela s'est passé, ce n'était pas à lui de bouger mais à Borne pour questionner les problèmes sur place", ajoute-t-il.
Un avis partagé par Chantal, elle aussi habitante de la commune : "Vu les circonstances, c'était même à Emmanuel Macron de se déplacer". Puisque le maire va quand même avoir l'oreille de la Première ministre autant qu'il en profite pour faire un état des lieux général, sur la situation des maires en France. Que faire pour assurer leur sécurité ? Selon Roch Chéraud, président de l'Association des maires ruraux en Loire-Atlantique, certaines mesures - simples à mettre en place - pourraient changer la donne.
Une pression accrue sur les maires de France
"Dans notre bureau des maires ruraux j'ai voulu faire un petit sondage : j'ai demandé à mes collègues, dont la vice-présidente du département, s'ils avaient le numéro de portable de leur sous-préfet. Et personne ne l'a ; alors que tout le monde a le nôtre. Ce n'est pas normal, mais on s'habitue à tout. On s'habitue à la misère. Je pense qu'à un moment, il va falloir que nos grands politiques viennent un peu sur le terrain, voir comment ça se passe", explique l'élu.
Ce dernier pointe aussi les difficultés rencontrées par les maires et le manque de réponse au niveau national : "Avec la solitude, la charge mentale, la pression, on a déjà eu énormément de burn out. Moi, ce qui me fait peur, c'est que demain, on ait des suicides", alerte-t-il. "Il y a eu un électrochoc avec cette démission de Yannick Morez. Il ne faut pas que le soufflet retombe", conclut Roch Chéraud. Après une entrevue avec le Sénat en fin de matinée, Yannick Morez devrait rencontrer Élisabeth Borne vers 18h30.