Bruno Retailleau 1:25
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Alexis Delafontaine avec AFP / Crédit photo : Daniel Pier / NurPhoto / NurPhoto via AFP , modifié à
Andy Kerbrat, le député LFI qui a reconnu avoir été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants, "doit tirer les conséquences de ses actes", a estimé mardi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. "Un député a un devoir d'exemplarité", a ajouté le ministre, jugeant qu'il "n'est pas tolérable de voir un député de la République acheter des drogues de synthèse à un dealer de rue".

"Un député a un devoir d'exemplarité" : le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat à "tirer les conséquences de ses actes" après que le parlementaire a reconnu mardi avoir été pris en flagrant délit d'achat de stupéfiants. "Il n'est pas tolérable de voir un député de la République acheter des drogues de synthèse à un dealer de rue. Un député a un devoir d'exemplarité. Andy Kerbrat doit tirer les conséquences de ses actes", a lancé le ministre sur son compte X.

"Suivre un protocole de soins"

Quelques heures plus tôt, Andy Kerbrat avait admis sur le même réseau social avoir été contrôlé le 17 octobre "en possession de stupéfiants". Selon le parquet de Paris, sollicité par l'AFP, confirmant des informations de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, "les policiers ont constaté un échange entre deux individus faisant penser à une transaction de stupéfiants". Lors du contrôle, les policiers ont trouvé 1,35 g de 3-MMC, une drogue de synthèse en plein essor en France, sur Andy Kerbrat, tandis que le vendeur, un adolescent, avait 1 g de 3-MMC et 200 euros, selon la même source. Le député est poursuivi pour usage de stupéfiants et convoqué pour notification d'une ordonnance pénale.

Le vendeur, mineur, a été placé en détention provisoire dans l'attente d'une audience unique au tribunal pour enfants (TPE). Selon le parquet, il est "déjà connu pour une dizaine de faits et condamné début octobre pour des faits de trafic de stupéfiants à une peine de quatre mois avec sursis probatoire, sous le coup duquel il se trouvait donc" lors du contrôle. Andy Kerbrat, qui a également annoncé entamer un "protocole de soins", n'a pas été mis en garde en vue mais entendu le lendemain au commissariat en audition libre. Il dit se mettre "à disposition de la justice" qui va le convoquer "dans le cadre d'une ordonnance pénale", ajoutant qu'il "se battra contre son addiction" et va "suivre un protocole de soins" afin de pouvoir reprendre son activité parlementaire.

Une drogue en plein essor

Plusieurs personnalités de gauche ont apporté leur soutien au député âgé de 34 ans, comme sa collègue écologiste Sandrine Rousseau: "Tu as reconnu, tu es dans un parcours de soin, reviens-nous en forme". La députée de Paris rappelle que "la consommation de drogue et l'addiction sont un enjeu de soin, de santé psychique et d'accompagnement". Même son de cloche du côté de la présidente des députés insoumis: "l'addiction est un problème de santé", a confié Mathilde Panot, qui espère qu'Andy Kerbrat puisse vite reprendre son activité parlementaire. La sénatrice écologiste Mélanie Vogel souhaite "bon courage dans le chemin de soin" emprunté par Andy Kerbrat et regrette que la politique française soit "focalisée sur la répression plutôt que sur l'essentiel: le soin".

De son côté, le médecin et sénateur socialiste de Paris Bernard Jomier rappelle que "les addictions touchent toute la société, parlementaires et ministres inclus". Le député du Rassemblement national Laurent Jacobelli a lui ironisé, demandant pourquoi le député "ne s'est-il pas fourni chez son collègue Louis Boyard", faisant référence au fait que ce dernier avait reconnu en 2021 avoir vendu de la drogue lorsqu'il était plus jeune pour financer ses études. La 3-MMC est en plein essor en France, notamment dans les milieux festifs, prise comme une cocaïne à moitié prix.