C’était une visite surprise : Emmanuel Macron s’est rendu hier à Marseille, cité de la Castellane, pour le lancement de la première d’une dizaine d’opérations anti-drogue "place nette XXL". Seul le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, avaient annoncé leur venue.
Retour sur le terrain
De l'aveu même d’un conseiller de l’exécutif, le chef de l’État, qui s'est lui-même invité, "veut prendre la lumière", quitte à éclipser ses ministres. C'est une manière de s’auto-convaincre qu’il reste bien le pouvoir d’attraction, mais pas seulement : "Il a fait beaucoup d’international avec la guerre Ukraine ces derniers jours… Et il y a le conseil européen jeudi et vendredi", décrypte un stratège macroniste. "Aller à Marseille, c’est une manière pour lui de montrer qu’il va sur le terrain. Que c’est lui le chef du quotidien des français."
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La destination ne doit rien au hasard. "Marseille, c'est sa ville de cœur", rappelle un proche du Président. Cette visite surprise survient comme pour sauver les apparences d’un programme mal embarqué, celui qu’il a lui-même annoncé en septembre 2021 : "Marseille en grand".
Il y a deux semaines, la fuite d’un document provisoire de la Cour des comptes révélait les faiblesses de ce plan censé combler les retards en matière de logement, d’éducation, de transports publics ou de sécurité. Mais ce sont surtout les propos chocs de magistrats marseillais appelant à un "plan Marshall" contre le narcobanditisme qui semblent avoir réveillé l’exécutif. À trois mois des élections européennes, hors de question de montrer un quelconque signe d’impuissance alors que le Rassemblement national demeure en tête dans les sondages.