Lors d'une réunion dans le cadre du "grand débat", vendredi dans le Finistère, Edouard Philippe a évoqué la possibilité de demander des "contreparties" aux bénéficiaires des aides sociales. Le premier ministre a lui-même reconnu qu'il s'agissait d'un sujet "explosif", mais aussi d'une "vraie belle question politique". Des propos "sidérants", selon le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel, invité d'Europe 1 samedi.
Un discours qui "rend les victimes responsables". "Ce discours décrédibilise notre système de protection sociale, et rend responsables ceux qui sont victimes de la pauvreté ou du chômage. C'est sidérant", a déploré le parlementaire. Il a toutefois reconnu ne pas être surpris par cette proposition. "C'est la même logique que celle qui prévaut pour l'actuelle discussion sur la réforme du chômage. C'est l'idée qu'il faut pénaliser les chômeurs pour les faire travailler", a-t-il expliqué.
"Une pression globale sur les salaires". D'un point de vue économique, Eric Coquerel juge cette proposition dangereuse. "Le RSA pour une personne seule, c'est 551 euros", souligne-t-il. "Imaginons que nous forcions ses bénéficiaires à travailler sept ou huit heures par semaines. Ça voudrait dire qu'ils seraient payés, au taux horaire, un cinquième du SMIC. Le problème dans notre pays c'est que le travail n'est pas assez payé. Si on obligeait les gens à travailler, on arriverait à une pression globale sur les salaires", a-t-il averti.
"Vous avez des parties de droite qui au lieu de s'en prendre aux évadés fiscaux préfèrent s'en prendre à la fraude sociale. Il faut argumenter par rapport à ce discours simpliste", a conclu le député.