De nombreux Lyonnais, connus et anonymes, sont arrivés tôt mercredi à la cathédrale Saint-Jean pour assister aux funérailles de leur maire Gérard Collomb, lors de laquelle Emmanuel Macron a rendu hommage à son premier ministre de l'Intérieur. "
Plus de 1.000 sièges ont été réservés aux Lyonnais
Dans le flux régulier qui attendait pour entrer dans la primatiale, Roger Vacheret, 74 ans, expliquait vouloir "saluer" un homme qui a apporté "beaucoup à la ville de Lyon et à la politique". "Ça ne veut pas dire que je partage tout ce qu'il a fait sur la fin", précise le militant Renaissance. C'était "un homme qui avait un très grand cœur, il aimait sa ville et il aimait les gens", décrivent Anita Astrenta, 62 ans, syndicaliste CFDT à la mairie et Jean-Paul Caillard, 75 ans, chef de projet. Le couple, marié par Gérard Collomb, le connaissait depuis de nombreuses années.
Conformément aux souhaits exprimés de son vivant, plus de 1.000 sièges ont été réservés aux Lyonnais sur les 1.400 places que compte la cathédrale. Un écran géant a également retransmis la cérémonie en direct sur le parvis. À l'intérieur, un portrait du défunt et un bouquet ont été placés à proximité de l'autel.
Un soutien décisif à Emmanuel Macron
La célébration, présidée par l'archevêque de Lyon Mgr Olivier de Germay, s'est tenue à partir de 11 heures en présence d'Emmanuel Macron, de la Première ministre Elisabeth Borne et de nombreuses personnalités. L'ancien patron de l'Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas, l'ex-miss France Sylvie Tellier ou l'humoriste Laurent Gerra, le basketteur Tony Parker le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) et plusieurs ministres dont Bruno Le Maire, sont arrivés parmi les premiers.
Le chef de l'Etat, à qui le baron lyonnais avait apporté un soutien décisif pendant la présidentielle de 2017, a pris la parole lors de la cérémonie, tout comme son ancien Premier ministre Edouard Philippe et l'académicien Marc Lambron. "La sécurité était un angle mort à gauche, vous l'affrontiez sans peur ni pudeur. La maîtrise de l'immigration, un tabou ? Vous abordiez le sujet avec le courage de ceux qui ont raison trop tôt", a notamment déclaré le chef de l'État lors de son oraison funèbre.
"Loin des postures théoriques, vous n'avez jamais perdu de vue, dans ces fonctions, la boussole du réel : protéger les Français du terrorisme, de l'insécurité, de l'immigration illégale. Dire ce que l'on voit aussi. Vous qui avez fait preuve d'une grande lucidité sur les fractures qui traversent notre nation", a-t-il ajouté. Et d'adresser ses remerciements à l'endroit de celui qui fut l'un de ses premiers soutiens dans sa quête de l'Élysée. "Vous avez enfin, cher Gérard, changé ma vie. Pas un seul instant, je n'oublie que sans votre force d'âme, votre sens de l'amitié, sans vous avoir croisé sur mon chemin, je ne serais pas là où je suis", a-t-il conclu.
Gérard Collomb "a marqué de son empreinte indélébile" la ville de Lyon
Atteint d'un cancer à l'estomac, Gérard Collomb est décédé samedi soir à 76 ans. Il sera inhumé au cimetière de Loyasse, à proximité de son prédécesseur à l'Hôtel de Ville Edouard Herriot. Né le 20 juin 1947 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) d'un père ouvrier-métallurgiste et d'une mère femme de ménage, ce militant socialiste qui avait rallié En Marche à la première heure est resté une des figures politiques emblématiques de la capitale des Gaules, dont il a été le maire de 2001 à 2017 puis de 2018 à 2020.
Gérard Collomb "a marqué de son empreinte indélébile notre cité, en œuvrant pendant vingt ans à son développement", avait déclaré le maire écologiste Grégory Doucet en début de semaine. Mercredi, il est entré dans la cathédrale sans faire de commentaire.
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Lundi et mardi, les Lyonnais avaient déjà pu se recueillir devant le cercueil de l'ancien édile, exposé à l'Hôtel de Ville, où les drapeaux avaient été mis en berne. Ces Lyonnais reconnaissants ont défilé sans fleurs, comme l'avait réclamé la famille, avant d'inscrire leurs souvenirs de ce "maire bâtisseur" et "visionnaire" dans un registre de condoléances.
Élu à la tête de Lyon en 2001 avec le soutien de Raymond Barre après deux tentatives infructueuses, il avait quitté son poste en 2017 pour devenir ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'Edouard Philippe.
Affaibli politiquement par l'affaire Benalla, "difficile à vivre" selon lui, il avait démissionné avec fracas en octobre 2018 pour reprendre ses fonctions à Lyon qu'il avait cédées à deux de ses lieutenants. Privé de l'investiture de la République en Marche, il avait échoué à reconquérir la métropole en 2020, battu par les Verts. Il avait disparu de la scène politique locale depuis qu'il avait lui-même annoncé son cancer sur les réseaux sociaux le 16 septembre 2022.