La polémique est née d'une séquence de deux minutes, filmée en caméra cachée. Dans celle-ci, diffusée sur M6 et abondamment relayée sur les réseaux sociaux depuis vendredi soir, on peut voir le personnel d'un restaurant huppé des "beaux quartiers" de Paris s'activer, comme lors d'un service "classique" en dépit de la fermeture des restaurants depuis octobre dernier et la seconde vague du Covid-19. Une ouverture clandestine, comme y ont recouru d'autres établissements depuis le début de l'épidémie, ainsi que l'avait observé Europe 1. Ce sont pourtant les propos d'un "collectionneur renommé" qui vont pousser bon nombre d'internautes à s'indigner.
L'organisateur d'un repas illégal y déclare "avoir dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants, qui sont justement des établissements soi-disant clandestins avec un certain nombre de ministres, alors ça [le] fait doucement rigoler". Sans préciser son propos, l'homme ajoute qu'"on est encore en démocratie, on fait ce qu'on veut", alors que la pression hospitalière ne faibli pas en France, avec plus de 5.250 personnes en réanimation.
Caviar, champagne, menus de grands chefs et retrait du masque obligatoire...Nos journalistes ont pu pénétrer dans ces fêtes clandestines de haut standing qui se tiennent actuellement à Paris.
— M6info (@m6info) April 2, 2021
@frvignolle Armelle Mehani et @CyrielleStadler en exclusivité pour le #19h45pic.twitter.com/ClXpIWrVwZ
Les ministres "enfermés", rappelle Schiappa
Dimanche matin, interrogée dans le Grand Rendez-vous d'Europe 1 sur ces images et ces déclarations mettant en cause des ministres, Marlène Schiappa a d'abord insisté sur la transmission, selon elle nécessaire, de ces informations aux autorités. "Il faut que toutes ces informations soient transmises aux forces de l'ordre pour qu'on puisse les faire fermer", a-t-elle appuyé, assurant que ces dernières étaient "à pied d'œuvre" pour le faire.
La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté a aussi indiqué qu'elle n'avait "absolument pas" participé à ces fêtes clandestines. "On est 'enfermés', on est entre les ministères", a-t-elle souligné, avant de rappeler l'égalité des citoyens devant la loi. "Si des ministres ou des députés ont enfreint des règles, il faut qu'ils aient des amendes et qu'ils soient pénalisés comme n'importe quel citoyen."
En réponse à des internautes qui demandaient le départ immédiat de ces ministres en cas d'infraction, le compte Twitter de la ministre a répondu que cette démission "allait de soi".
Ça va de soi. Avec une amende.
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) April 4, 2021
Le mot-dièse #OnVeutLesNoms très partagé
Un propos similaire à celui de son collègue de Bercy, Bruno Le Maire, pour qui "il n’y a de passe-droits pour personne" pendant cette crise sanitaire. Personnellement "convaincu" qu'aucun membre du gouvernement ne s'est rendu dans l'un de ces établissements, le ministre de l'Économie s'est dit "curieux que ce restaurateur donne le nom des ministres" qui seraient coupables d'avoir participé à ces agapes, comme il l'a affirmé sur LCI et RTL.
Dimanche après-midi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué qu'il avait demandé au préfet de police de "vérifier l’exactitude des faits rapportés afin, s’ils sont vérifiés, de poursuivre les organisateurs et les participants" de ces événements.
A la suite du reportage de M6, j’ai demandé au Préfet de police de Paris de vérifier l’exactitude des faits rapportés afin, s’ils sont vérifiés, de poursuivre les organisateurs et les participants de ces dîners clandestins.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 4, 2021
La préfecture de police de Paris a ensuite indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête pour vérifier ces affirmations. Une volonté de transparence qui se retrouve aussi sur internet, avec un mot-dièse #OnVeutLesNoms très partagé sur Twitter. De nombreux utilisateurs du réseau social réclament par ailleurs la démission des ministres incriminés, si la présence de ceux-ci dans les restaurants clandestins était effectivement établie.
En fin de soirée, l'avocat de Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du "Palais Vivienne", où se sont prétendument déroulés ces repas, a par ailleurs assuré dimanche soir que son client faisait seulement de l'"humour" quand il avait assuré que des ministres participaient à de tels repas.