Les sénateurs et la ministre de la Santé Agnès Buzyn se sont affrontés mardi soir sur la question de la régulation d'installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Pour la deuxième journée consécutive, la désertification médicale a été au cœur des débats lors de l'examen en première lecture au Sénat du projet de loi relatif à "l'organisation et à la transformation du système de santé".
Une série de 14 amendements de différents bords, déclinant à des niveaux gradués une volonté de "tempérer" le principe de liberté d'installation des médecins, a donné lieu à de longs échanges, parfois vifs entre la ministre et les élus ou entre les élus eux-mêmes. Agnès Buzyn s'est attachée à démonter point par point les arguments des défenseurs d'un conventionnement "sélectif" pour inciter les médecins à s'installer dans des zones déficitaires.
>> À LIRE AUSSI - Déserts médicaux : faut-il contraindre l'installation des médecins ?
Agnès Buzyn plaide pour des mesures "incitatives"
"En médecine générale, la France entière est sous-dotée", a-t-elle relevé. "Seulement 5% des jeunes médecins veulent s'installer", avec un système coercitif, "nous en aurons zéro". Défendant des mesures "incitatives", Agnès Buzyn a affirmé que "l'objectif même" du projet de loi est de donner aux jeunes médecins "le goût de s'installer".
"La douleur dans les territoires, vous n'êtes pas les seuls à la voir", a-t-elle lancé à l'adresse des sénateurs, avant de citer Nelson Mandela : "que vos choix reflètent vos espoirs et pas vos peurs". "Aujourd'hui ce dont nous discutons, ce sont vos peurs".
Un seul amendement adopté
Les amendements ont systématiquement fait l'objet d'un scrutin public, à la demande du rapporteur de la commission des Affaires sociales Alain Milon (LR), également opposé aux mesures coercitives. Au final, seul a été adopté le principe d'un renvoi à la négociation conventionnelle entre médecins et assurance-maladie de la contribution des médecins à "la réduction des inégalités territoriales dans l'accès aux soins".
Le Sénat a donné son feu vert à une mesure introduite en commission des Affaires sociales, qui met en place une exonération de cotisations sociales incitative à l'installation rapide des jeunes médecins. Il a en revanche supprimé une disposition de la commission qui limitait à trois années la durée totale au cours de laquelle un médecin peut exercer en tant que remplaçant.