En 2002, quand le second tour de la présidentielle opposait Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, environ 1,3 million de personnes avaient battu le pavé dans toute la France. Quinze ans après, les syndicats ont célébré le 1er mai en ordre dispersé. Seules 142.000 personnes ont manifesté contre le Front national lundi, selon le ministère de l'Intérieur.
"Le FN et ses idées se sont banalisés depuis quelques années". "Il faut se souvenir qu'en 2002, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour avait été une grande surprise. Au-delà de ce choc qui n'existe plus aujourd'hui, le FN et ses idées se sont banalisés depuis quelques années", observe Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, au micro d'Europe 1. Et cette banalisation est selon lui due à "beaucoup de complaisance médiatique, intellectuelle, politique, où on a expliqué qu'il fallait cesser de diaboliser Marine Le Pen, qu'elle n'était pas comme son père, qu'elle n'était pas raciste et antisémite. On voit que ça produit quelques effets parce qu'aujourd'hui, le danger que représente l'extrême droite n'est plus perçu avec autant d'acuité qu'auparavant", note-t-il.
"Ce n'est même pas la peine" de parler du programme économique. Une "complaisance" donc, qui aurait conduit à la fameuse "dédiabolisation" du parti d'extrême droite. Plus que le FN, ce serait la façon de le combattre qui a changé : "Ces dernières années, il a été extrêmement difficile de s'exprimer sur ce qu'était réellement ce parti comme si finalement, l'urgence était de parler de l'irréalisme de son programme économique", continue Dominique Sopo. "Mais le problème, ce n'est pas de savoir si son programme économique est sérieux ou pas. À partir du moment où on est dans un camp de la violence verbale et physique, ce n'est même pas la peine de parler du reste, en réalité".
Autre facteur aggravant, selon le président de l'association : le flou entretenu par Jean-Luc Mélenchon depuis une semaine. Le leader de La France insoumise refuse toujours de donner une consigne de vote tout en assurant qu'il ne voterait pas Front national. "Il avait la responsabilité de transformer une grande partie de la colère sociale qu'il a réussi à capter dans ce premier tour de façon très brillante en une grande clarté dans le fait qu'il fallait écraser électoralement Marine Le Pen au second tour", estime pourtant Dominique Sopo. "Mais je ne désespère pas que Jean-Luc Mélenchon s'exprime clairement d'ici dimanche."
"Écraser dans les urnes la haine que représente Marine Le Pen". Et d'adresser un message à tous les électeurs indécis qui pourraient être tentés par le vote blanc ou l'abstention : "L'urgence, c'est d'écraser dans les urnes la haine que représente Marine Le Pen et son parti. Ceux qui n'aiment pas M. Macron, ils auront toujours les cadres de la démocratie pour l'exprimer par toutes les voies possibles dans les semaines, les mois et les années à venir..."
Un appel que rééditera SOS Racisme, mais aussi l’ Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) et la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) jeudi à 18 heures pour un "Grand concert républicain", place de la République, à Paris.