Le journaliste David Castello-Lopes, dans l'émission Historiquement vôtre sur Europe 1, revient tous les jours sur les origines d'un objet ou d'un concept. Ce mardi, celles des partis écologistes. Car bien avant les journées d'été d'EELV à Pantin ce week-end, qui ont vu un affrontement sans combat entre Yannick Jadot (qui plaide pour un candidat vert à la présidentielle de 2022) et Eric Piolle (qui, lui, veut une union de la gauche incluant les Insoumis), il fut un temps où aucun parti écologiste n'existait.
En France, avant le succès aux européennes de 2009 et 2019 ou la percée notable à plus de 5% de Noël Mamère à la présidentielle de 2002, le premier candidat vert à la plus importante des élections a été René Dumont, en 1974. L'agronome s'était classé en sixième position et avait recueilli 1,32% des suffrages.
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Une lutte pour la préservation d'un lac
Mais c'est à l'autre bout de la planète, en Australie, que deux ans plus tôt, en 1972, le premier parti écologiste a été constitué : le United Tasmania Group. Un parti né d'une lutte pour la préservation du Lac Pedder. La compagnie locale d’hydroélectricité avait décidé, à la fin des années 1960, de construire un barrage sur une rivière en aval du Lac. Un projet qui a pour conséquence immédiate d'augmenter la taille de l'étendue d'eau, provoquant l'engloutissement de nombreuses terres.
Ce projet a précipité la marche de l'histoire. Jusque-là, les batailles livrées contre ceux qui veulent détériorer la nature au nom de l'industrie étaient menées par des associations. Mais ces collectifs n'avaient pas vocation à se présenter aux élections et à avoir un impact direct dans la prise de décision. Sauf qu'avec la remise en cause du Lac Pedder, certains Tasmaniens ont été si énervés qu'ils ont fondé, le 23 mars 1972, à Hobart, la capitale régionale, le premier parti politique au monde à avoir un programme 100% écologiste.
Une lourde défaite lors de la première tentative électorale
Toutefois, le mois suivant, les urnes ne leur ont pas offert la victoire lors des élections locales. Le petit parti écologiste n'a reçu que 3,9% des suffrages. Battu sèchement, le United Tasmania Group n'a pas pu empêcher la construction du barrage... et le Lac Pedder s'est transformé en immense réservoir, causant la disparition de plusieurs espèces animales.
Paradoxalement, sur le long terme, ce barrage a eu des avantages que de nombreux écologistes pourraient défendre aujourd'hui : grâce à lui, 90% de l’électricité produite en Tasmanie est renouvelable.