Vladimir Poutine a de nouveau agité la menace nucléaire dans son discours à la Nation jeudi. Une adresse au peuple russe dans laquelle il a renouvelé ses mises en garde contre l'Occident. Une réponse à Emmanuel Macron qui, en début de semaine, évoquait l'envoi possible de troupes occidentales en Ukraine.
En déplacement à Toulouse, Sébastien Lecornu a appelé à ne pas confondre l'agresseur et l'agressé. Le ministre des Armées visitait une entreprise de fabrication de drones, illustration de l'économie de guerre qu'il appelle de ses vœux.
"On a quasiment doublé les effectifs de production"
À l'intérieur du hangar, une chaine d'assemblage et des drones jusqu'à quatre mètres d'envergure, exposés comme des trophées. D'ici à quelques mois, l'entreprise en aura livré 300 à l'Ukraine grâce à l’augmentation des cadences.
"Ça, ça vole en Ukraine. Ça pèse 15 kg, ça prend 3 kg de charge utile et ça peut aller à 50 km et ça vole même en cas de brouillage GPS. Sur les plus gros drones, on est passé de quatre drones par mois à 12 drones par mois. On a quasiment doublé les effectifs de production, de l'achat d’outillage et ça a augmenté toute l'activité pour notre chaine de sous-traitance qui est locale", explique Bastien Mancini, président de Delair.
2.000 drones kamikazes français commandés
En coopération avec le géant français de l'armement Nexter, le ministère français des Armées va commander 2.000 munitions télé-opérées (MTO) (des drones kamikazes) de conception française dans les prochaines semaines, dont 100 premières en urgence sont destinées à être livrées à l'Ukraine d'ici cet été, a annoncé jeudi le ministre Sébastien Lecornu. La répartition entre l'armée française et les besoins ukrainiens des 1.900 restants n'a pas été précisée.
"Ce sont des drones essentiels sur le champ de bataille. Par définition, ils permettent de préserver la vie du soldat puisque, comme toute dronisation, ils permettent de téléporter le risque et de faire preuve de précision", a avancé le ministre des Armées. Coût objectif de chaque drone : 30.000 euros, plus de dix fois moins cher qu’un missile anti-char.
Actuellement confrontée à une pénurie d'obus, Kiev a recours à grande échelle aux drones chargés d'explosifs, notamment aux petits drones issus du marché civil bricolés pour emporter une charge explosive. Paris entend notamment profiter du retour d'expérience que fournira l'utilisation de ces drones en Ukraine pour améliorer les technologies de protection contre la guerre électronique et le brouillage GPS massivement utilisé par les forces russes.
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"Un effort de rattrapage important" pour les armées françaises
Pour Sébastien Lecornu, ces premiers investissements dans des MTO "participent à un effort de rattrapage important pour nos armées" alors que la France accuse un retard dans le développement de drones. L'an passé, voyant l'utilisation massive en Ukraine de ces MTO, déjà utilisés lors du conflit au Haut-Karabakh, Paris avait passé en urgence une commande de près d'une centaine de munitions télé-opérées américaines Switchblade.
La commande que s'apprête à passer le ministère s'inscrit dans le cadre du projet baptisé Colibri visant à développer une MTO capable d'opérer dans un rayon de cinq kilomètres pour un coût unitaire inférieur à 20.000 euros. Elle sera passée auprès de deux consortiums rassemblant un droniste et un spécialiste de pyrotechnie, d'un côté Delair et Nexter, de l'autre le droniste Novadem et MBDA. L'appel à projet est cependant ouvert à d'autres compétiteurs potentiels.