L'heure n'est pas à la fête chez Europe Ecologie-Les Verts. Les élections régionales de la mi-décembre ont mis en lumière les difficultés que rencontrent les écologistes sur le terrain. Troisième force politique en 2010 avec 12,18% des voix et 263 conseillers régionaux, ils ont dû se contenter de 6,81% des suffrages en 2015. De mauvais résultats que la secrétaire nationale du parti, Emmanuelle Cosse, attribue au fonctionnement interne de sa formation. "Avoir des offres politiques différentes ne permet pas d'avoir un message suffisamment lisible", reconnaissait-elle au soir du premier tour, le 6 décembre.
Un parti déchiré. Au-delà même de ces derniers résultats, EELV a connu une année 2015 particulièrement difficile, marquée par les départs de certains caciques. François de Rugy, président du groupe à l'Assemblée nationale, le sénateur Jean-Vincent Placé ou encore Barbara Pompili, co-présidente aux côtés de Rugy, ont claqué la porte entre la fin de l'été et la rentrée. Le parti est déchiré entre les tenants d'une ligne franchement opposée à celle du Parti socialiste, plutôt tournée vers le Front de gauche, et les partisans d'un retour au gouvernement.
Plafond de verre électoral. Trop tributaire du PS, les écologistes ont le sentiment d'être confrontés à un plafond de verre électoral. Et rêvent de reproduire en France ce que Syriza, Podemos ou Ciudadanos ont réussi à faire en Grèce et en Espagne. Pour peser de nouveau sur la scène politique et reprendre la place d'outsider désormais bien occupée par le Front national, EELV songerait donc à se refonder de fond en comble.
Un big bang interne. Selon nos informations, l'un des proches de la députée Cécile Duflot travaille d'ores et déjà à un véritable big bang interne, à finaliser lors du congrès du parti, en juin prochain. Cela pourrait aller jusqu'à un changement de nom. Un choix qu'ont déjà fait Les Républicains (ex-UMP) et auquel songerait le Front national.
Inflexion de la ligne politique. Sur le fond, EELV compte miser sur une plus grande ouverture vers la société civile, notamment les ONG, afin d'élargir sa base militante. Surtout, une inflexion de la ligne politique serait à l'étude. Objectif : sortir de la tendance "gauchiste" qu'a dénoncée François de Rugy lors de son départ. Le parti rénové pourrait faire des alliances à gauche comme au centre, en gardant l'écologie comme dénominateur commun.
Tentative de "déminoration". Pour le camp Duflot, cette refondation est une tentative de "déminoration", de sortir de cette fatalité qui oblige les écologistes à être minoritaires. Il lui reste désormais à réussir à l'imposer. Et dans un parti réputé pour avoir les plus grandes difficultés à se mettre d'accord sur à peu près tout, la partie s'annonce délicate.