Les écologistes d'EELV désignent officiellement samedi à Rungis leur nouvelle secrétaire nationale, Marine Tondelier, connue pour son combat contre le RN dans le Pas-de-Calais, qui aura la lourde tâche de redresser un parti fragilisé par ses divisions et "l'affaire" Julien Bayou. La nouvelle cheffe prendra les rênes d'un parti en crise après le résultat décevant de Yannick Jadot à la présidentielle (4,6%), mais aussi empêtré dans un duel entre l'ex-candidat et la députée écofeministe Sandrine Rousseau, et enfin dans la tourmente des accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne portées contre le secrétaire national sortant Julien Bayou, qui s'en défend.
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Marine Tondelier grande favorite du scrutin
Sans surprise, les 400 délégués du Congrès doivent choisir Marine Tondelier, 36 ans, peu connue du grand public mais issue de la direction sortante d'Europe Ecologie-Les Verts, et qui est arrivée largement en tête du premier tour, le 26 novembre, avec 47% des voix des adhérents. Cette ancienne assistante parlementaire de Cécile Duflot, proche du maire de Grenoble Eric Piolle, est depuis 2014 élue d'opposition face au maire RN Steeve Briois à Hénin-Beaumont, ancienne ville minière où elle vit et d'où sont originaires ses parents et grands-parents. Elle siège aussi depuis 2021dans l'opposition au Conseil régional des Hauts-de-France présidé par Xavier Bertrand (LR).
Parmi les cinq autres têtes de listes, toutes des femmes, seulement deux ont obtenu plus de 10%: Sophie Bussière (18%), proche de Yannick Jadot, et Mélissa Camara (13,5%), soutenue par Sandrine Rousseau et une partie de l'aile gauche d'EELV. Forte de sa confortable avance, Marine Tondelier a réussi à s'assurer samedi une majorité forte dans l'équipe dirigeante. Après plusieurs jours de négociations, elle a déposé une motion de synthèse unique réunissant toutes les motions autour de sa ligne, qui sera soumise au vote des délégués à 15 heures. Mais la future secrétaire nationale, qui a fait campagne sur le "collectif" en dénonçant les querelles intestines qui divisent le parti, n'aura pas réussi à s'épargner des tensions internes.
Tondelier promet une liste EELV indépendante aux européennes
L'équipe de Melissa Camara, qui prône "rupture et radicalité", a repris langue seulement samedi matin, après avoir quitté les négociations, mécontente de la répartition des 15 postes du bureau exécutif et du rapport avec l'alliance de gauche Nupes conclue en mai entre LFI, EELV, PS et PCF. Jugeant que la ligne a été clairement choisie au premier tour par les militants, Marine Tondelier a posé ses exigences : une motion de synthèse basée sur sa motion initiale, sans évolution possible sur la question des alliances et des élections européennes.
Un point sensible pour l'équipe de Melissa Camara, qui veut porter haut les couleurs de la Nupes et prône la possibilité d'une liste commune de gauche aux Européennes en 2024. À l'inverse, Marine Tondelier promet une liste EELV indépendante aux Européennes et, sans rejeter la Nupes, veut donner la priorité à la création d'un "grand mouvement de l'écologie politique".
Camara dénonce les "gages de solidarité" de Tondelier
L'équipe Camara dénonçait aussi les "gages de solidarité" que demande Marine Tondelier, pour qui représenter le parti signifie ne pas le critiquer à l'extérieur. Les conditions ont finalement été acceptées par toutes : les trois autres motions en course (l'une est hors jeu avec moins de 5% des votes au premier tour), se sont aussi ralliées à la nouvelle direction. Selon les premiers éléments obtenus sur la composition du bureau exécutif, Claire Desmares, qui portait l'une des motions, deviendrait secrétaire nationale adjointe, tout comme François Thiollet, un proche de Marine Tondelier. Sophie Bussière deviendrait porte-parole, et Melissa Camara serait chargée de la formation et de la mobilisation.
Certains écologistes notaient pourtant lors des négociations qu'une synthèse regroupant toutes les motions risquait d'être une "synthèse molle". Marine Tondelier a pour ambition de refonder EELV -dont elle souhaite changer le nom-, en modifiant ses règles internes, souvent considérées comme complexes et peu propices à la conquête du pouvoir. L'élue nordiste, qui défend une "écologie populaire", souhaite "massifier" le parti et rassembler un million de sympathisants écologistes d'ici la fin de son mandat.