Dès l'annonce du décès de Jacques Delors ce mercredi, une pluie d'hommages lui a aussitôt été rendue. Des personnalités politiques françaises lui ont ainsi adressé quelques mots, mais aussi de nombreux dirigeants européens. Car c'est à la construction européenne que l'ancien ministre de l'Économie, mort à l'âge de 98 ans, a dédié une grande partie de sa carrière politique.
En 1985, alors âgé de 60 ans, il prend la tête de la Commission européenne. Une mission qui revient aujourd'hui à l'Allemande Ursula von der Leyen. À l'époque, Jacques Delors se consacre à l'élaboration d'une Europe solide et unie et multiplie les initiatives pour redessiner le Vieux continent.
Citoyen d'honneur de l'Europe
Il commence par ouvrir les frontières avec la signature des accords de Schengen en 1985 et propose une réflexion autour d'une monnaie unique, qui deviendra, 15 ans plus tard, l'euro. Son projet européen passe notamment par l'élargissement de l'Union à l'Espagne et au Portugal, mais aussi par la création du programme étudiant Erasmus. Il est aussi l'artisan de la signature de l'Acte unique et du traité de Maastricht en 1992, sorte d'acte de naissance de l'UE. "Les Françaises et les Français ont dit oui à un progrès décisif de la Communauté européenne. Qu'ils en soient remerciés pour la France, pour l'Europe, pour la démocratie, pour l'histoire", déclarait-il à l'époque.
Fervent défenseur du fédéralisme européen, Jacques Delors a lutté pour dépasser les égoïsmes nationaux. "Aujourd'hui, une politique purement nationale est un luxe que plus personne ne peut se permettre, ni politiquement ni économiquement, car l'Europe serait de nouveau déchirée et déstabilisée", disait-il en 1992, appelant également à ne pas céder au "virus du nationalisme". Des combats qui valent au père de Martine Aubry, l'actuelle maire de Lille, le titre de citoyen d'honneur de l'Europe en 2015. Un titre que seuls l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl et le Français Jean Monnet, considéré comme l'un des pères de l'Europe, ont obtenu avant lui.