Emmanuel Macron a fait le choix du terrain. Malgré les sifflets et les casseroles, le chef de l'État multiplie les déplacements pour tenter d'apaiser le pays, après la promulgation de la réforme des retraites, massivement rejetée par les Français. Mais sa cote de popularité est au plus bas. À la veille du 1er-Mai, qui promet d'être marqué par une forte mobilisation dans tout le pays, Jérôme Fourquet, directeur de département à l'Ifop et auteur de L'archipel français (Seuil), était l'invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos.
D'après le politologue, "l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen [à la prochaine élection présidentielle] est une hypothèse sur laquelle il faut plancher, une hypothèse que l'on ne doit plus écarter d'un revers de main".
"41,5% des voix au second tour, 89 députés à l'Assemblée, on ne peut plus écarter l'hypothèse d'une victoire"
"On considérait que la marche était beaucoup trop haute à franchir jusqu'en 2022", a expliqué Jérôme Fourquet "mais quand elle atteint 41,5 % des voix au second tour de l'élection présidentielle, et que quelques semaines plus tard, 89 députés du Rassemblement national (RN) font leur entrée à l'Assemblée, raisonnablement, on ne peut plus écarter l'hypothèse d'une victoire", a-t-il indiqué avant de préciser que cela "ne veut pas dire que ça va se produire".
La cote de popularité d'Emmanuel Macron au plus bas
La cote de popularité d'Emmanuel Macron a chuté pour atteindre 26%, son niveau le plus bas, selon un sondage BVA pour RTL. 74% des Français estiment que le chef de l'État "a eu tort de promulguer la loi rapidement" et craignent que cette décision "attise la colère sociale". Ce choix, parmi d'autres, pourrait aussi entraîner Marine Le Pen vers l'Élysée. Le Rassemblement national apparaît comme la force politique qui profite le mieux de cette crise politique et sociale.
"Il y a toujours bien évidemment des choses qui demeurent perfectibles sur l'image de Marine Le Pen mais une élection, c'est à la fois quelqu'un qui se présente aux Français, mais également une comparaison", a expliqué le directeur de département à l'Ifop. "Beaucoup de Français ne la surclassent plus, donc le handicap structurel qui était le sien en termes de crédibilité, s'efface petit à petit et en même temps elle continue et son parti continue d'avoir un statut un peu à part qui est celui du parti des outsiders."
Selon Jérôme Fourquet, "il y a toujours toute une partie de Français qui serait totalement horrifiée de la perspective d'une victoire de Marine Le Pen."