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T.M. , modifié à
Invitée du Club de la presse, Elen Debost, élue EELV au Mans qui a mis en cause le député écologiste Denis Baupin pour "harcèlement", estime que ce dernier a été protégé par certains membres du parti.
INTERVIEW

Elen Debost fait partie des huit femmes qui ont mis en cause Denis Baupin pour "harcèlement" ou "agression sexuelle". Invitée du Club de la presse, l'élue EELV au Mans a regretté l'impunité dont a bénéficié le député écologiste depuis des années.

"Plus d'une centaine" de textos en six mois. "Dans mon cas à moi, c’est uniquement des harcèlements par texto, qui ont commencé à l’automne 2011, au moment des désignations internes pour les élections législatives", raconte l’élue EELV au Mans. "Je reçois un jour un coup de fil de Denis Baupin, que j’avais déjà croisé mais que je ne connaissais pas plus que ça. Il me demande de le soutenir, j’accepte. Et le premier SMS est arrivé quelques heures plus tard. Il y en a eu plus d’une centaine sur une période de 4 à 6 mois. Je les ai gardés très longtemps. C’était des messages extrêmement explicites", témoigne-t-elle sur Europe 1.

"Au premier SMS, je réponds que je ne suis pas du tout intéressé, que j’ai beaucoup de respect pour sa compagne (Emmanuelle Cosse, ndlr) et que je n’ai pas du tout envie de ce genre de relations. Il m’a répondu qu’ils avaient une relation libre et que ce n’était pas un problème. Je lui ai dit que pour moi, c’était un problème. C’était comme si je n’avais rien dit."

J'ai regretté de ne pas avoir parlé plus tôt". Si aujourd’hui, plusieurs membres d’Europe Ecologie Les Verts semblent s’étonner de ces agissements, d’après l'enquête menée conjointement par Mediapart et France Inter, ces faits étaient en partie connus au sein du parti. "Je pense que le sentiment d’impunité de quelques-uns participe à ce que le silence tienne longtemps parce qu’il y a des pressions sur les uns, sur les autres, l’intérêt collectif, les petits chantages… et le fait que c’est aussi notre responsabilité à nous toutes, victimes", observe Elen Debost. "On a tellement peu parlé ou à tellement peu de monde que ceux qui savaient n’avaient pas conscience de l’ampleur du phénomène, du nombre de personnes concernées. J’ai regretté de ne pas avoir parlé plus tôt."

Entendu sur europe1 :
Cécile Duflot, j’imagine que vous lui poserez la question et elle expliquera aussi.

"Un petit groupe savait". "Denis Baupin a été protégé par un certain nombre de personnes", continue l’élue EELV. "Pleins de gens avaient entendu les rumeurs et un petit groupe de personnes savait. A priori, des gens qui étaient dans les instances dirigeantes entre 2000 et 2006. Cécile Duflot, j’imagine que vous lui poserez la question et elle expliquera aussi". Cette dernière, secrétaire nationale d’EELV entre 2006 et 2012 a déjà expliqué à Mediapart que "rien n'était avéré". "Il y avait une zone de flou sur ces comportements. Comment imaginer la vérité ?".

"S'il pouvait demander pardon...". "S’il pouvait demander pardon et reconnaître qu’il a un vrai problème, ce serait déjà beaucoup", estime Elen Debost, qui ne se satisfait pas de la démission de Denis Baupin de la vice-présidence de l'Assemblée nationale. "Ça change quoi ?", se demande-t-elle. "Il est toujours député, toujours représentant de la République, il a toujours tous les pouvoirs qui vont avec. Et pour l’instant, il n’y a pas une once de regret", déplore Elen Debost.