C'est un phénomène rarissime dans le corps préfectoral. Depuis qu'elle a appris son départ du département d'Indre-et-Loire le 7 décembre dernier, après une décision prise en Conseil des ministres, la préfète Marie Lajus crie à l'injustice, en mobilisant élus, amis, relais d'opinion et journalistes. La haute fonctionnaire a même fait signer une pétition pour s'indigner de son propre départ.
Selon ses défenseurs, elle aurait été évincée à la demande d’élus de la majorité, furieux de l’opposition de la préfète au projet d’implantation d’un incubateur de start-up, dans une zone inconstructible et protégée, dans le parc du château Louise-de-la-Vallière, à Reugny, près de Tours.
"Sectarisme politique"
Mais au ministère de l'Intérieur et au sein du corps préfectoral, la version est tout autre. Selon plusieurs sources, les raisons du départ de Marie Lajus sont en réalité liées à sa "compétence" : "Elle a échoué dans son département", explique ce grand préfet contacté par Europe 1.
Plusieurs hauts fonctionnaires pointent également du doigt son "sectarisme politique". "Elle aime beaucoup les écolos, particulièrement Emmanuel Denis, le maire de Tours, et la gauche", déplore un de ses homologues. "Et elle ne traite jamais ni la majorité ni les Républicains." Plusieurs élus qu'Europe 1 a contactés parlent même d'une rupture d'égalité de traitement : "Elle montre ses préférences", explique un député.
L'ancienne ministre des armées Florence Parly n'avait pas non plus apprécié de voir la préfète défendre les intérêts de certaines communes contre le ministère, dans le dossier du transfert de la base aérienne de Tours. En bref, outre son attitude "déloyale", ce qui choque au ministère de l'Intérieur "c'est la dimension partisane de Marie Lajus qu'elle devrait, comme tout préfet, mettre de côté", conclut un préfet.