Emmanuel Macron a assuré mercredi qu'Elisabeth Borne avait toute sa "confiance", au lendemain d'une déclaration qui est apparue comme un recadrage de sa Première ministre sur la manière de contrer le Rassemblement national. "Je pense qu'en effet on ne peut plus battre dans nos démocraties l'extrême droite simplement avec des arguments historiques et moraux", a dit le président français devant la presse à Bratislava, alors qu'Elisabeth Borne avait jugé que le RN était un "héritier de Pétain".
"Quand j'ai des choses à dire au Premier ministre (...), je le dis"
Pour autant, "je veux ici lui redire toute ma confiance", a-t-il ajouté, assurant qu'il avait pour principe de ne jamais faire de mise au point la concernant autrement qu'en tête-à-tête. Des participants au Conseil des ministres de mardi avaient rapporté que le chef de l'Etat semblait avoir recadré sa Première ministre en affirmant, devant ses troupes, que le combat contre l'extrême droite ne pouvait plus passer "par des arguments moraux". Il a été mercredi durement critiqué par la droite et la gauche, qui l'ont accusé de "banaliser" le parti de Marine Le Pen.
"J'ai un mode de fonctionnement simple quand j'ai des choses à dire au Premier ministre depuis six ans, je le dis dans un colloque singulier dont rien ne sort et nous réglons les choses ensemble", a affirmé mercredi Emmanuel Macron. "Je ne le fais jamais autour de la table du Conseil des ministres, par médias interposés", a-t-il insisté. Le président de la République a toutefois réaffirmé devant la presse sa position sur l'extrême droite, rappelant qu'il avait battu à deux reprises Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
Des arguments insuffisants
"J'ai toujours considéré que ce combat se faisait au titre des valeurs et se faisait aussi au nom du réel. Et ce que j'ai toujours combattu c'est les mensonges et les dénis de réalité qui sont ceux utilisées par les extrêmes et en particulier l'extrême droite", a-t-il expliqué. Il a estimé qu'invoquer des "arguments historiques et moraux" était insuffisant "parce que cette extrême droite s'est transformée" et "qu'elle a beaucoup d'électeurs aujourd'hui qui ne votent pas pour cette histoire mais votent parce qu'ils se disent au fond, on n'a pas encore essayé cela".
"Et donc le combat contre l'extrême droite est aussi un combat au réel, au concret. En réindustrialisant le pays, en disant la vérité sur les comptes publics, en menant des réformes courageuses, parfois impopulaires, lorsqu'il faut le faire, parce que l'extrême droite ne peut prospérer que sur le déni de réalité", a-t-il insisté.