Emmanuel Macron a dénoncé mercredi une "chasse à l'homme" contre Gérard Depardieu après la diffusion d'un documentaire télé choc, le chef de l'État désavouant sa ministre de la Culture qui remettait en question la Légion d'honneur de l'acteur. "Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme. Je déteste ça", a lancé le président de la République sur la chaîne de télévision France 5.
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Depardieu visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak avait annoncé sur la même chaîne vendredi qu'une "procédure disciplinaire" serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur à l'encontre du comédien-star. L'interprète de "1492 : Christophe Colomb" est notamment visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l'un des deux cas. Il réfute ces accusations.
L'acteur "rend fier la France" a affirmé Emmanuel Macron
Le président de la République s'est dit "grand admirateur de Gérard Depardieu (...) un immense acteur". "Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (...) il rend fier la France", a poursuivi Emmanuel Macron, prenant le contre-pied de la ministre de la Culture.
Rima Abdul Malak avait estimé de son côté que les propos de l'acteur rapportés dans le magazine "Complément d'enquête" font "honte à la France". Dans ces images, diffusées sur France 2 début décembre, le géant du cinéma français, connu pour avoir interprété le commissaire Maigret comme Cyrano, multiplie les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant pas une fillette avec ses propos obscènes.
Emmanuel Macron a jugé mercredi que Rima Abdul-Malak s'est "avancée" en parlant d'une procédure qui pourrait ôter la distinction de l'acteur. "Il y a parfois des emballements sur des propos tenus. Je me méfie du contexte", a-t-il insisté. "J'ai compris qu'il y avait des polémiques sur des (passages) du reportage", a-t-il précisé, reprenant les arguments de membres de la famille Depardieu dans une tribune du Journal du dimanche. Ces derniers, dont l'actrice Julie Depardieu, dénoncent une "cabale" et évoquent "une mise en scène" et des plans de coupe "suspects" dans le reportage.
"Ce n'est pas sur la base d'un reportage qu'on enlève la Légion d'honneur"
Revenant sur le sujet de la Légion d'honneur (remise en 1996 par Jacques Chirac), Emmanuel Macron a souligné que c'"est un Ordre" dont il est "en effet le grand maître", une distinction "qui n'est pas là pour faire la morale". "Et donc ce n'est pas sur la base d'un reportage ou de telle ou telle chose qu'on enlève la Légion d'honneur à un artiste parce qu'à ce tarif-là, on aurait enlevé la Légion d'honneur à beaucoup d'artistes", a encore mis en avant le président de la République.
Et de conclure : "vous pouvez accuser quelqu'un, il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence qui existe". "J'ai simplement envie" que Gérard Depardieu "puisse défendre ses droits comme tout un chacun" et "continuer à travailler, à créer", a souligné le chef de l'État.
Un président de la République "promoteur en chef de la culture du viol" selon Sophie Bussière
Ces propos ont fait fortement réagir à gauche et dans les associations de défense des femmes. Olivier Faure, le patron du PS, a ainsi écrit sur ses réseaux sociaux : "Les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat... Ce président ne croit à rien de ce qu'il annonce quels que soient les sujets".
"Les mots d'Emmanuel Macron au sujet de Depardieu sont encore une fois une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles", a également taclé sur ses réseaux la députée écologiste Sandrine Rousseau.
Sophie Bussière, porte-parole des Ecologistes, a dépeint sur ses réseaux un président de la République "promoteur en chef de la culture du viol". Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a aussi fait part de son ressentiment : "Rien ne va dans les propos du président en ce qui concerne Depardieu. Je n'ai pas assez d'un tweet pour dire à quel point c'est indigne, abject pour les victimes et anachronique".