Emmanuel Macron est arrivé jeudi en Jordanie où il s'est entretenu avec le roi Abdallah II de l'aide humanitaire à Gaza et du processus de paix au Proche-Orient, avant de fêter Noël avec les forces françaises déployées dans ce pays. Le président français, s'éloignant tout juste de trois jours de crise politique autour d'une loi controversée sur l'immigration, a choisi cette année le Proche-Orient, de nouveau secoué par la guerre, pour ce traditionnel rendez-vous avec les troupes.
Déjeuner entre le roi Abdallah II et Macron
Emmanuel Macron a été accueilli par le roi à sa descente d'avion à Aqaba (sud), sur la mer Rouge, à 15h50 locales (12h50 GMT), a constaté une journaliste de l'AFP. Ils ont eu un premier entretien à l'aéroport avant de se rejoindre au palais royal d'Aqaba pour un déjeuner. Abdallah II a fait monter le président dans sa voiture et pris le volant pour l'y conduire. Les deux dirigeants se sont aussi tenus par la main sur le tapis rouge du tarmac.
Emmanuel Macron avait déjà rendu visite au roi le 25 octobre lors d'une tournée dans la région destinée à marquer la solidarité avec Israël après l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, et à relancer l'idée d'une solution à deux Etats. Les deux dirigeants doivent échanger sur le "travail en commun en matière d'aide humanitaire et médicale à la population civile de Gaza", a précisé l'Elysée.
Deux nouveaux vols de fret d'aide humanitaire destinés aux civils de la bande de Gaza (prévus ce jeudi ainsi que le 26 décembre) auront pour destination Amman. Le président français va redire à cette occasion "l'urgence d'instaurer une nouvelle trêve immédiate devant mener à un cessez-le-feu pérenne", a ajouté la présidence française. Tout en reconnaissant le droit d'Israël à se défendre, Emmanuel Macron a réitéré mercredi que cela ne pouvait conduire le pays à "tout raser à Gaza" et à "attaquer de manière indistincte les populations civiles".
Macron va d'adresser aux 350 militaires français de la base
Le chef de l'État est ensuite attendu sur une base aérienne de Jordanie pour "mettre en valeur l'engagement durable de la France dans la lutte contre le terrorisme", selon l'Elysée. En pleine tourmente politique chez lui, il va s'adresser aux 350 militaires français de la base avant un dîner de Noël préparé par les cuisines de la présidence. Ces militaires font partie de l'opération Chammal qui compte aussi 250 hommes en Irak et Syrie et constitue le volet français de la coalition internationale lancée en 2014 contre le groupe Etat islamique (EI) et coordonnée par les Etats-Unis.
Le décès de trois militaires français cet été en Irak - un membre des forces spéciales en opération, un militaire dans un accident et un 3e lors d'un "exercice opérationnel" - a rappelé que la France était toujours engagée dans la région où l'EI reste actif. Toutefois, "l'opération a évolué et se concentre sur les missions de conseil, d'assistance et de facilitation au profit des forces irakiennes", a précisé l'Elysée. Les frappes en appui des forces irakiennes sont aujourd'hui "peu nombreuses", selon la même source. Quatre Rafale sont basés actuellement en Jordanie.
Depuis l'offensive inédite du Hamas sur le sol israélien qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, les attaques de milices pro-iraniennes se sont multipliées notamment en Syrie contre des bases américaines, avec un réel risque d'escalade, selon les experts sécuritaires.
Une première pour Noël
C'est la première fois que le président français se rend sur une base aérienne projetée de l'armée de l'Air pour Noël. En décembre 2022, il s'était rendu avec la marine sur le porte-avions Charles de Gaulle au large de l'Egypte. Les années précédentes, il s'était déplacé à plusieurs reprises en Afrique, au Tchad ou en Côte d'Ivoire où l'armée française était alors très engagée contre le terrorisme.
Vendredi, alors que le président se trouvera sur la base aérienne projetée au Levant, les derniers soldats français s'envoleront du Niger, comme annoncé par le régime militaire au pouvoir dans ce pays sahélien, après plus de dix ans de lutte anti-djihadiste dans la région. Chassées du Mali, du Burkina Faso puis du Niger par des juntes hostiles, les forces françaises se redéployent en partie en Europe de l'Est depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022.