Emmanuel Macron a retrouvé dimanche soir à Strasbourg son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier en prélude d'un périple présidentiel inédit à travers l'est et le nord de la France pour célébrer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. C'est dans la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg qu'a été donné le coup d'envoi de "l'itinérance mémorielle" qui mènera le président dans 11 départements en une semaine, sur les champs de bataille de la Grande Guerre et à la rencontre d'une France périphérique frappée par la crise.
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— Élysée (@Elysee) 4 novembre 2018
Il sera le 11 novembre sous l'Arc de Triomphe à Paris. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a assisté avec Frank-Walter Steinmeier à un concert d’œuvres de Debussy et Beethoven afin de "célébrer la réconciliation franco-allemande" un siècle après la fin de la guerre 1914-18. Il poursuivra lundi matin en Lorraine son périple inédit qui se terminera dimanche 11 novembre sous l'Arc de Triomphe, où il ravivera la flamme du soldat inconnu en présence d'une centaine de dirigeants étrangers.
Infographie AFP.
Le dernier Poilu est mort il y a dix ans. Tout au long de la semaine, il honorera ainsi la figure du Poilu français car "dans nos sociétés nous avons besoin de nous assimiler à des gens qui font des choses extraordinaires", a-t-il expliqué dans un entretien accordé dimanche aux journaux du groupe Ebra. "On a eu tort de penser que dans la modernité des démocraties contemporaines, il n'y avait plus de héros. Résultat, soit les jeunes vont chercher des modèles chez les figures du sport ou des variétés, ce qui est très bien. Soit ils vont chercher les héros chez d'autres combattants, et cela peut avoir des conséquences dramatiques", selon lui. Quelque huit millions de Français ont combattu de 1914 à 1918, pour 1,4 million de morts, et le dernier d'entre eux, Lazare Ponticelli, est décédé il y a 10 ans.
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Colère. L'"itinérance" aura parallèlement une forte connotation politique et sociale à un moment où le président est au plus bas dans les sondages et que la grogne des Français monte sur la question du pouvoir d'achat. "Mieux vaut que la colère s'exprime plutôt qu'elle se garde. J'entends les impatiences, mais il faut expliquer. Ça ne veut pas dire ne rien faire, ça ne veut pas dire abandonner non plus", explique-t-il dans l'entretien à paraître lundi, en défendant la logique de la politique gouvernementale.
Le président exclusif des riches et des villes, selon l'opposition. Il faut qu'Emmanuel Macron "échange vraiment avec nos concitoyens, sans leur faire la leçon", lui a conseillé dimanche dans le JDD Xavier Bertrand, le président ex-LR des Hauts-de-France qui l'accueillera en fin de semaine. Accusé par l'opposition d'être le président exclusif des riches et des villes, Emmanuel Macron passera une semaine loin de Paris et à l'écart des grandes métropoles, à l'exception de Strasbourg.
Le chef de l'État visitera des usines, dont celle de Renault à Maubeuge, non loin de l'aciérie d'Ascoval, menacée de fermeture. Il se rendra dans un Ehpad pour débattre des services de santé en milieu rural et consacrera une matinée à Lens au plan de lutte contre la pauvreté. À chaque étape, il rencontrera des élus locaux avec lesquels l'exécutif tente de renouer après des mois de tension.
"Fractures de l'Histoire". Emmanuel Macron se recueillera sur les sites incontournables de la guerre: Verdun, dans la Meuse, "la mère des batailles", le Chemin des Dames, dans l'Aisne, ou la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, dans le Pas-de-Calais. Il fera aussi étape dans des lieux qui n'ont "jamais été visités par un président français". Comme celui de la terrible batailles de Morhange, en Moselle, où Emmanuel Macron se rend lundi. Ou celui des Eparges ,dans la Meuse, où le président se recueillera mardi devant la statue de Maurice Genevoix, pour lequel l'Élysée dit avoir engagé une "réflexion" au sujet d'une possible future "panthéonisation".
Exit la parade militaire. L'absence, décriée par certains, de parade militaire est parfaitement assumée par l'Élysée qui a préféré mettre l'accent sur la paix et la réconciliation franco-allemande. "L'héritage de 14-18, c'est à la fois la victoire, c'est de ne pas avoir cédé et c'est aussi celui de la paix. Ce qu'on n'a pas réussi à faire totalement après 14-18, c'est qu'on n'a pas réussi à bâtir la paix", estime-t-il dans l'entretien aux quotidiens régionaux. Et il voit, à quelques mois des élections européennes de mai 2019, comme "un message très contemporain, la nécessité de ne pas humilier le vaincu, à de ne pas retomber dans les fractures de l'Histoire, et à de veiller à ce que le nationalisme ne sorte pas de son lit!"