Même jour, même heure, même scénographie, nouveau public. Mardi soir, Emmanuel Macron a donné le deuxième meeting d'une campagne qui ne dit pas son nom, au Mans, dans la Sarthe. Sur scène pendant plus de deux heures, l'ancien ministre de l'Économie a poursuivi son "diagnostic" de l'état de la France. En s'attachant, cette fois, à préciser son projet. Celui de la France qui choisit.
Résolument libéral. Cette France est résolument libérale. Emmanuel Macron voudrait oublier un "modèle social" dépassé, qui ne répond plus aux besoins des travailleurs et bride les entreprises. Celui qui en a inspiré plusieurs mesures juge la loi Travail insuffisante et en prône une nouvelle, "un changement de paradigme beaucoup plus radical". Qu'on ne lui parle surtout plus de règles ou de normes du droit du Travail. Pour lui, elles ne protègent plus personne depuis bien longtemps. "Parce que ces normes, elles rendent encore plus difficile l'accès à l'emploi stable, normal, pour celles et ceux qui sont les plus fragiles."
Donner du pouvoir aux syndicats. Pour faire passer la potion libérale, Emmanuel Macron compte d'abord réaffirmer le rôle des partenaires sociaux. La mise en place de son projet "suppose de réarmer les individus dans ce dialogue. C'est-à-dire qu'on ne les laisse pas dans un face-à-face avec le chef d'entreprise, mais on donne un vrai pouvoir de négociation aux syndicats". Surtout, l'ancien ministre de l'Économie a longuement parlé de la "formation professionnelle", qui doit bénéficier à plus de salariés.
Flatter la gauche. Emmanuel Macron a aussi égrené les prises de position à même de plaire à la gauche. Fustigeant "les référendums sortis du chapeau" de Nicolas Sarkozy, il s'est dit contre l'enfermement préventif des fichés S. Pas question non plus, selon lui, d'abandonner l'État de droit ou de faire de l'état d'urgence un état permanent. Et l'éducation reste sa priorité, alors qu'"un enfant sur cinq ne sait pas lire, écrire ou compter" à l'entrée du collège. Mais pour se faire applaudir à tout rompre, le fondateur d'En Marche ! connaît la phrase qui marche à tous les coups. Et ne se prive pas de la (ré)employer. "Si c'est cela notre système, alors oui, je suis contre le système !", a-t-il tonné.
À Montpellier mardi prochain. Toujours pas officiellement candidat à la présidentielle, l'ancien ministre de l'Économie bénéficie pourtant de soutiens qui ne laissent que peu de place au doute. Ainsi de l'eurodéputé européen centriste Jean Arthuis, ancien ministre d'Alain Juppé, qui lui a promis dans une vidéo diffusée en préambule de se tenir "à [ses] côtés jusqu'au bout". En attendant, Emmanuel Macron poursuit son chemin et a déjà les yeux rivés sur ce que ses communicants appellent le prochain épisode de la saga : le troisième et dernier meeting (pour l'instant), mardi prochain, à Montpellier. Le candidat virtuel devrait y parler vivre ensemble et laïcité.