Emmanuel Macron s'est déclaré ce lundi à Strasbourg "favorable" à une "révision des traités" de l'Union européenne, en proposant que les dirigeants des 27 en discutent à leur sommet de juin. "Il faudra réformer nos textes, c'est évident. L'une des voies de cette réforme est la convocation d'une convention de révision des traités. C'est une proposition du parlement européen et je l'approuve", a déclaré le président français devant le Parlement européen, pour son premier discours sur l'Europe depuis sa réélection et l'offensive russe en Ukraine. Treize des 27 pays de l'UE se sont dits lundi opposés au lancement d'une procédure pour changer les traités.
Macron appelle à la création d'une "communauté politique européenne"
Dans son premier discours sur l'Europe depuis sa réélection, Emmanuel Macron a reconnu des "divergences" entre les États membres sur le sujet et souhaite évoquer cette question avec les dirigeants des 27 lors d'un sommet en juin. Dans son intervention à l'occasion du jour de l'Europe, Emmanuel Macron a souligné que l'Ukraine, envahie par la Russie, était déjà "membre de cœur de notre union" alors que Moscou a organisé une commémoration militaire en grande pompe de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie.
Mais le processus d'adhésion à l'UE, à laquelle aspire Kiev, "prendrait plusieurs années, en vérité plusieurs décennies", a souligné le président français, qui a proposé, en parallèle, la création d'une "organisation européenne nouvelle".
"Cette organisation européenne nouvelle permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs, de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération", a expliqué Emmanuel Macron à l'occasion de la clôture de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.
La paix ne se construira pas dans "l'humiliation" de la Russie
Emmanuel Macron a déclaré lundi à Strasbourg que, pour mettre fin à la guerre menée en Ukraine par l'armée russe, la paix devra se construire sans "humilier" la Russie. "Nous aurons demain une paix à bâtir, ne l'oublions jamais. Nous aurons à le faire avec autour de la table l'Ukraine et la Russie (...) Mais cela ne se fera ni dans la négation, ni dans l'exclusion de l'un, l'autre, ni même dans l'humiliation", a déclaré le président français au cours d'une conférence de presse au Parlement européen.
Un peu plus tôt, au cours d'un discours, Emmanuel Macron avait également déclaré : "quand la paix reviendra sur le sol européen, nous devrons en construire les nouveaux équilibres de sécurité" sans "jamais céder à la tentation ni de l'humiliation, ni de l'esprit de revanche". "Car ils ont déjà trop, par le passé, ravagé les chemins de la paix", a-t-il ajouté, en faisant le parallèle avec le traité de Versailles conclu après la Première Guerre mondiale, marqué par "l'humiliation" de l'Allemagne.
Un 9 mai aux "deux visages"
D'ici là, les Européens doivent "tout faire pour que l'Ukraine puisse tenir et la Russie ne jamais l'emporter", mais aussi "préserver la paix sur le reste du continent européen et éviter toute escalade" avec Moscou, a réaffirmé le président français. Selon lui, la journée de lundi a "donné deux visages très différents du 9 mai", à la fois Journée de l'Europe dans l'UE et célébration de l'anniversaire de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie en Russie.
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À Moscou, "il y avait une volonté de démonstration de force, d'intimidation et un discours résolument guerrier" du président Vladimir Poutine. Tandis qu'à Strasbourg, "il y avait l'association de citoyens, de parlementaires nationaux et européens" pour "penser l'avenir" du continent, a-t-il dit.