"Risque existentiel" et de dislocation de l'Europe : Accusé d'abuser de sa position de président pour les européennes, Emmanuel Macron multiplie les alertes pour justifier sa présence en première ligne de la campagne, dans un entretien publié mardi par une quarantaine de quotidiens régionaux.
Emmanuel Macron : « Je ne peux pas rester spectateur » #Entretien#PQR#Européenneshttps://t.co/bXVsIO1gMKpic.twitter.com/p8zIFk4mWP
— Journal L'Alsace (@lalsace) 20 mai 2019
#Interview |Emmanuel #Macron : «Je ne peux pas rester spectateur» #dnainfoshttps://t.co/wvTHrAbeGN
— DNA (@dnatweets) 20 mai 2019
#Interview / #Macron - La une de notre journal ce mardi 21 mai. pic.twitter.com/o0uP1AJDDv
— La Montagne (@lamontagne_fr) 20 mai 2019
"L'Union est face à un risque existentiel"
À quelques jours du scrutin de dimanche où les sondages donnent la liste qu'il défend au-coude-à-coude, voire derrière celle du Rassemblement national de Marine Le Pen, le chef de l'État explique pourquoi il monte en première ligne et ne peut pas "être un spectateur, mais un acteur de cette élection européenne".
Pour lui, cette élection "est la plus importante depuis 1979 parce que l'Union est face à un risque existentiel. Si, en tant que chef de l'État, je laisse se disloquer l'Europe qui a construit la paix, qui a apporté de la prospérité, j'aurais une responsabilité devant l'histoire", poursuit Emmanuel Macron. La tête de liste PS/Place Publique Raphaël Glucksmann et les patrons du PS, du PRG et de Nouvelle Donne avaient par avance dénoncé une "tribune unilatérale", sollicitant "un droit de réponse".
Vers une "grande coalition des progressistes"
Au rang des propositions, Emmanuel Macron souhaite "une convention fondatrice européenne après les élections" mêlant dirigeants et citoyens, pour "définir la stratégie de l'Europe pour les cinq années à venir, y compris les changements de traités" qui pourraient en résulter. Le président français souhaite également "une taxation commune du kérosène en Europe". Lundi, il a appelé, avec le Premier ministre socialiste portugais Antonio Costa, à "bâtir une grande coalition des progressistes" face à "ceux qui veulent détruire l'Europe par le nationalisme".
La liste Renaissance, portée par LREM, espère constituer un groupe centriste au Parlement européen ralliant des élus de centre gauche, grâce à l'appui de dirigeants comme Antonio Costa ou encore de l'ex-chef du gouvernement italien, le social-démocrate Matteo Renzi.
Un président en difficultés face au RN
Mais arriver derrière le RN réduirait la marge de manœuvre du président déjà affaibli par la crise des "gilets jaunes". "Je ne me pose pas dans un tel cas de figure", balaie Emmanuel Macron. Par avance, il affirme qu'il n'envisage "absolument pas" le départ de son Premier ministre Édouard Philippe en qui il a "toute confiance".
Dans le camp présidentiel, l'alerte rouge est néanmoins décrétée contre le risque de voir le RN arriver en tête dimanche. D'autant que 56% des sympathisants de La République en marche seulement (50% des sympathisants du MoDem) se disent "certains d'aller voter" dimanche, selon une étude Ipsos/Cevipof/Fondation Jean-Jaurès/Le Monde parue lundi. Un chiffre en recul d'un point par rapport à la précédente enquête d'avril 2019.
La Russie et les États-Unis trop présents ?
La majorité fait feu de tout bois, comme le Premier ministre qui, après Vezoul lundi, est attendu mardi à Valenciennes et à Orléans jeudi. Il s'est livré, comme le reste de la majorité à un tir de barrage concerté contre le Rassemblement national, accusé d'être le cheval de Troie des plans de Trump et Poutine pour affaiblir l'Europe. En ligne de mire : Steve Bannon, l'ex-stratège du président américain Donald Trump, qui a enchaîné les interviews avec les médias français pour encenser Marine Le Pen.
Emmanuel Macron a affirmé voir "pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers" pour démanteler l'Europe, qualifiant Steve Bannon de "lobbyiste proche du pouvoir américain". Il s'en est également pris aux "Russes et quelques autres" qui "n'ont jamais été à ce point intrusifs pour financer, aider les partis extrêmes". Il a toutefois souligné ne pas confondre "les États et certains individus, même "si les groupes d'influence américains ou les oligarques russes affichent des proximités avec les gouvernements". Steve Bannon n'a "aucun rôle dans la campagne" du RN, a assuré Marine Le Pen. Laquelle "n'a pas besoin de mon aide pour gagner" et réussir "un des plus grands retours de l'histoire", a complété l'intéressé.
Deux grands titres refusent l'interview. La Voix du Nord et Le Télégramme ont refusé de participer à cette interview collective. La Voix du Nord a assuré qu'un tel article "perturberait l’équilibre du traitement de la campagne" à cinq jours du scrutin. Le journal à également invoqué l'obligation de relecture de l'Élysée à laquelle il ne voulait pas sacrifier.
@lavoixdunord ne participe pas à l’interview d’E. Macron par la PQR. A 5 jours du scrutin, cela perturberait l’équilibre du traitement de la campagne auquel nous essayons de veiller et la publication est soumise à la relecture préalable de l’Elysée. Donc c’est sans nous. #Macron
— Patrick Jankielewicz (@PJankielewicz) 20 mai 2019
De son côté, Le Télégramme a refusé l'invitation car il estime que cette interview collective "est une négation de l’identité des titres de la presse régionale et des territoires qu’ils représentent", par la voix de son directeur de l'information Hubert Coudurier.
Comme la @lavoixdunord , @LeTelegramme n’a pas souhaité se plier à l’interview collective du President @EmmanuelMacron dont le principe est une négation de l’identité des titres de la presse régionale et des territoires qu’ils representent.
— Hubert Coudurier (@HubertCoudurier) 20 mai 2019
Certains titres ont publié leur interview dès lundi soir.